Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

mardi 7 avril 2009

Vers un prix mondial de l'eau?



Mea culpa.
Nous avons cru qu'il pouvait sortir quelque chose de bon du Forum mondial de l'eau, à Istanbul, en pensant qu'il s'agissait d'une initiative politique de confrontation des politiques publiques. Notre ami Jacques Perreux n'y représentait-il pas le Conseil général du Val de Marne? En réalité, il s'agissait d'une entreprise de renforcement de la gestion publique-privée de l'eau, selon le modèle français. Le Président du Conseil Mondial de l'eau, Loïc Fauchon, comme par hasard un Français, PDG du groupe des Eaux de Marseille (cogéré par Veolia et la Lyonnaise) s'y efforce de drainer les fonds publics mondiaux vers les entreprises privées de l'eau... Ricardo Petrella, Président du Contrat mondial de l’eau, (Contrat et non pas Conseil, pour bien se distinguer des promoteurs du PPP -partenariat Public Privé-), met ici les choses au point. Il dit pourquoi il n'est pas allé à Istanbul. Sans doute a-t-il-eu raison!

Président du Contrat mondial de l’eau, Ricardo Petrella dénonce la mainmise des multinationales sur ce bien vital.


Comment appréciez-vous l’attitude de l’ONU sur l’eau ?

Ricardo Petrella. Le rapport sur l’eau présenté au Forum mondial de l’eau, à Istanbul, réaffirme le lien entre pauvreté et problème d’accès à l’eau. Cette avancée date de 2006, avec l’élaboration du programme des Nations unies pour le développement. Pour le reste, la position des Nations unies reste sous l’influence du Conseil mondial de l’eau (*). Aux mains des multinationales du secteur, cet organisme de droit privé a réussi à s’imposer comme un acteur incontournable auprès de nombreux gouvernements et institutions internationales. Il a également réussi à faire accepter l’idée que pour résoudre la question de l’accès à l’eau et de l’assainissement, il fallait valoriser économiquement l’eau. Lui donner une valeur marchande susciterait, selon le CME, l’intérêt des groupes privés et permettrait de réaliser les investissements nécessaires pour résorber ces deux problèmes. Cette conception est dangereuse. Elle consacre la marchandisation de l’eau. Loin de faire régresser le problème de l’accès à l’eau, elle va le conforter. Si l’eau devient un bien précieux économiquement, cela accentuera le risque de conflit autour de l’eau. La valorisation de l’eau fera de cet élément essentiel à la vie une marchandise comparable à une énergie fossile. Certains vont jusqu’à suggérer la fixation d’un prix mondial de l’eau comme il existe un prix du pétrole. Je pose la question : a-t-on vu l’augmentation du prix du pétrole favoriser une utilisation plus économe de cette énergie ou contribuer à diminuer les tensions internationales ?

Que préconisez-vous ?

Ricardo Petrella. Je défends l’idée d’un contrat mondial de l’eau. Il s’agit d’un contrat politique se fondant sur la reconnaissance de l’eau en tant que bien vital et patrimonial commun mondial. L’eau n’est pas une ressource naturelle comme les autres. Elle est une ressource irremplaçable, non substituable, ce qui en fait un bien vital pour tout être vivant. Tout être humain a le droit, individuellement et collectivement, d’avoir accès à ce bien vital. Pour garantir cet accès, il ne faut plus réfléchir en termes de souveraineté nationale sur l’eau mais de souveraineté commune et partagée des peuples vivant sur le même bassin hydrologique.

Assisterez-vous au 5e Forum mondial de l’eau ?

Ricardo Petrella. Non, je n’irai pas cautionner ce forum organisé par le CME. Cet accaparement de la question de l’eau par un groupe privé s’apparente à une privatisation de l’espace public. Je pense que ce type de rencontre internationale devrait être directement organisée et maîtrisée par l’ONU.

Entretien réalisé par Pierre-Henri Lab, dans l'Humanité, le mardi 17 mars 2009, sous le titre La marchandisation de l’eau domine,
paru sur Planète bleue : http://eau.apinc.org/spip.php?article842

(*) Sur "le Conseil mondial de l'eau" lire aussi, sur Planète bleue, Gérard Borvon : http://eau.apinc.org/spip.php?article466

Si la marchandisation de l’eau domine..., alors, surveillons de près nos factures!



dimanche 5 avril 2009

Le Grenelle de la mer tombera-t-il lui aussi à l'eau?

AFP
Le Grenelle de la mer a été lancé en chansons par le chanteur-navigateur Antoine...!

Jean-Louis Borloo, le ministre du Développement durable, a installé, hier, les quatre groupes de travail chargés de redonner à la France une véritable politique maritime. Les premières réunions commenceront lundi. Des rencontres auront lieu en région, en juin.

Lancé en chanson - avec une ritournelle du chanteur-navigateur Antoine, Touchez pas à la mer -, ce nouveau Grenelle doit tout embrasser. Conflits entre professions. Gestion du littoral. Lutte contre la pollution. Nouvelles énergies. Protection des ressources halieutiques et sauvegarde de la pêche. Organisation du transport maritime. Stratégie géopolitique... On voit grand large. Chaque groupe réunit des représentants de l'État, des élus, les partenaires sociaux (employeurs et salariés) et les associations de protection de l'environnement.

À leur tête, des personnalités connues. Entre autres, Jérôme Bignon, député UMP de la Somme, président du conservatoire du littoral, Isabelle Autissier, la navigatrice, Gérard d'Aboville, l'ex-rameur, Jean Daubigny, le préfet de Bretagne, le contre-amiral Pierre Soudan, directeur de l'École navale à Brest. Sans oublier Erik Orsenna, qui occupe à l'Académie le fauteuil de feu le commandant Cousteau.

Les groupes de travail remettront leur rapport, fin mai. En juin, consultation des Français en région. Ces « Grenelle de la mer régionaux » débuteront le 8 juin, avec les « Journées de la mer ». Table ronde finale, fin juin-début juillet.

Grenelle de la mer: création de l'Alliance pour la mer

PARIS - La création de l'Alliance pour la mer, un collectif d'ONG ou de professionnels qui veulent se faire entendre au Grenelle de la mer, a été annoncée vendredi à Paris par les associations Ecologie sans frontière et Sea Sheperd conservation society.

Il ne s'agit pas d'une nouvelle association mais "d'un comité ad hoc, créé pour le temps du Grenelle de la mer", a indiqué Frank Laval, président d'Ecologie sans frontières.

L'Alliance pour la mer se présente comme "le porte-parole de tous ceux qui ne sont pas présents à la table des négociations du Grenelle de la mer et qui veulent s'y faire entendre".

Paul Watson, le fondateur de Sea Sheperd, a indiqué qu'il s'agissait de faire "travailler ensemble de petites associations afin de présenter un autre point de vue". Face à la situation des océans qu'il a qualifiée de "très, très grave", il a dénoncé le "manque de motivation politique" de la communauté internationale.

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Poissons d'avril à surveiller de très près...