Les amis d'A.G.L.E.A.U (Alerte générale sur l'eau)

Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

samedi 9 novembre 2013

À quand la parole donnée aux citoyens ?

Le système français de gestion de l’eau se dégrade rapidement

http://www.reporterre.net/spip.php?article4971 

et http://eau-iledefrance.fr/rapport-lesage-et-crise-du-modele-francais-de-leau/

Jean-Claude Oliva
Samedi 9 novembre 2013


Le rapport d’évaluation de la politique de l’eau en France, publié par le député Michel Lesage, dresse un bilan accablant de la situation. Mais les mesures proposées restent cosmétiques face à la crise structurelle du modèle français de l’eau.

En juin 2013, le député Michel Lesage (PS, Côtes d’Armor), a publié un rapport sur la politique de l’eau en France.
Dès la préface, il pose les limites de son exercice. Exemple significatif, « les activités agricoles, note le rapporteur, sont à l’origine de pollutions dans certaines régions et mobilisent les réserves d’eau l’été pour irriguer les cultures ». Mais ce constat posé, il renvoie dos à dos deux positionnements antagoniques : « ceux qui souhaitent conditionner les aides agricoles aux changements de pratiques » et « ceux qui considèrent que les agriculteurs en situation de crise subissent déjà des règles, normes et zonages environnementaux excessifs ».


  


Cette absence de choix ne débouche sur rien de tangible : « affirmer une volonté et une mobilisation collective » en prenant... la Bretagne comme le bon exemple à suivre ! Pourtant la qualité de l’eau est particulièrement dégradée dans cette région où de nombreux captages d’eau potable ont dû être fermés ces dernières années. C’est la manifestation criante de l’échec du modèle français de l’eau, dénoncée par ailleurs par M. Lesage.
Celui-ci envisage cependant « une plus grande conditionnalité des aides et une fiscalité incitative » avec des propositions qui concernent les engrais azotés mais ne s’attaquent... ni aux pesticides, ni aux porcheries industrielles (dont le gouvernement a allégé le régime d’autorisation). A la décharge de M. Lesage, on notera qu’il est député des Côtes d’Armor, un département comptant neuf fois plus de cochons que d’habitants humains : ceci explique-t-il cela ?
Le modèle français de l’eau a atteint ses limites
La crise du modèle français de l’eau tient en trois constats mis en évidence par M. Lesage et un quatrième qu’il occulte et sur lequel nous reviendrons.
Premier constat : « la qualité de l’eau ne cesse de se dégrader et les pollutions de se multiplier » dénonce le rapport. Et côté quantité, ce n’est pas mieux : « les conflits d’usages s’intensifient ».
La deuxième partie du rapport, consacrée à la mise en œuvre de la directive cadre sur l’eau, constitue un brûlot. Selon l’engagement contenu dans la loi Grenelle 2, deux tiers des masses d’eau devraient atteindre un bon état écologique en 2015, mais ce ne sera le cas que pour 41,5% des eaux de surface. En outre, les résultats présentés par la France sont sujets à caution : la Commission européenne y relève des lacunes importantes, souligne le rapport. A rapprocher de la quasi absence de contrôle concernant les nitrates, pointée par un autre rapport en février 2013 : dans les zones sensibles, seulement 1% des exploitations par département font l’objet d’un contrôle !
Deuxième constat, le financement est en crise. « Les déséquilibres structurels dans le financement de la politique de l’eau ne sont pas tenables à terme ». Les recettes reposent quasi exclusivement sur la facture des usagers et sont en régression du fait de la baisse de consommation d’eau potable. Alors que les besoins de financement sont considérables : la production d’eau potable à partir d’eaux de plus en plus polluées, le traitement plus lourd des eaux usées avant leur rejet dans le milieu naturel, la prise en charge des eaux pluviales, la préservation de la ressource, la protection contre les inondations accroissent les dépenses.
Le rapporteur raisonne dans le cadre du système actuel, il n’envisage pas d’alternatives qui pourraient renverser la donne en matière de production d’eau potable, d’eaux pluviales ou d’assainissement...
Les charges des services publics de l’eau et de l’assainissement reposent en majorité sur les consommateurs (69 %), pour l’essentiel les usagers domestiques, puis sur les contribuables (13 %) via les subventions accordées et enfin sur les générations futures (18 %) via l’emprunt. La facture des ménages ne pourra pas indéfiniment tout financer, surtout s’il s’agit de payer la dégradation de la qualité des eaux et le retraitement des eaux usées.



Le recouvrement intégral des coûts, qui comprend les dividendes versés aux actionnaires des multinationales de l’eau, n’est pas remis en cause par le rapporteur, qui souhaite toutefois qu’il ne soit pas supporté exclusivement par l’usager.
Quelques constats bien sentis concernent les agences de l’eau et le principe du pollueur payeur qui n’est pas appliqué aux activités agro-industrielles. Les rééquilibrages opérés par les comités de bassin pour la période 2013-2018 demeurent dérisoires. Ceux qui prélèvent le plus, qui plus est au moment où la ressource eau est la plus rare, payent la redevance la plus faible ! (En Adour Garonne, c’est huit fois moins que l’usage domestique.)
Mais là encore, ces pages impitoyables ne débouchent sur rien. « Il faut repenser notre modèle économique... ces questions doivent être débattues » ; « un grand débat national doit être lancé »... Des orientations très générales pour « encourager les mesures préventives, développer une fiscalité écologique, rechercher des dispositifs innovants » sont relèvent d’un catalogue de bonnes intentions plus que d’un programme de mesures. La réflexion sur le financement se termine par une attaque en règle contre toute tarification progressive, derrière un pauvre argumentaire "technique" qui cache mal son parti pris idéologique.

Démocratie ou État fort ?
Troisième constat, "la démocratie de l’eau reste à construire". Non seulement les usagers citoyens et leurs associations sont marginalisés dans la gestion de l’eau, un constat que les associations font depuis longtemps, mais le rapport met en évidence que les élus ne s’y retrouvent pas non plus. Le rapport pointe le hiatus existant entre l’organisation par bassins hydrographiques et l’organisation politique territoriale.
Concernant plus particulièrement les usagers citoyens, la création d’un quatrième collège au sein des agences de l’eau est proposée, une mesure qui va dans le bon sens mais qui ne change pas grand chose au système. Des mesures de toute autre nature et ampleur sont nécessaires.
Actuellement, à tous les niveaux, de la commune aux agences de l’eau, les représentants des usagers sont désignés... par l’autorité (maire, président d’agglo ou préfet selon les cas). Du coup, la tendance générale est à placer ses amis ou en tout cas, les moins gênants. Il y aurait là matière à une belle réforme...
Autre exemple, les grandes décisions qui impactent l’eau (privatisation ou retour en régie, construction d’un barrage ou d’une centrale nucléaire...) ne devraient-elles pas faire l’objet d’une consultation systématique de tous les habitants concernés ? De nombreux exemples existent en Europe : du référendum contre les lois de privatisations de l’eau en Italie, aux multiples référendums locaux et votations citoyennes à Berlin et dans d’autres villes allemandes, à Madrid, etc. A chaque fois, les citoyens répondent massivement présents pour défendre le bien commun.
De façon étonnante, malgré une ode à la démocratie, le rapport plaide pour... un État fort ! Pourtant on a vu avec le scandale de l’ONEMA en début d’année, l’incapacité de l’État à assurer la collecte et l’organisation des données sur l’eau. Si on considère que ces données font doublement partie du bien commun, car elles relèvent à la fois des connaissances et de l’eau, il faut envisager que d’autres acteurs (citoyens, associations, collectivités) soient associés à leur gestion, plutôt que renforcer encore le rôle de l’État, responsable de leur perte.
Concrètement le renforcement de l’État se résume pour M. Lesage à la création d’une « autorité nationale de l’eau » !
Un genre d’autorité qui sert à réguler la marché quand l’État renonce à réglementer. Plus que d’un État fort, il s’agit de la consécration du marché. En outre, cette proposition semble désuète, à l’heure où la pléthore d’autorités administratives indépendantes en France, conduit au regroupement voire à la suppression de certaines d’entre elles.

Un constat occulté :


Enfin le dernier constat, occulté par notre rapporteur, la privatisation à la française qui consiste à confier l’exploitation des services publics de l’eau et de l’assainissement à des entreprises, et qui a fait la fortune des deux multinationales Veolia et Suez, est mise à mal.
Au départ porté par des associations d’usagers ulcérés par les hausses de tarifs exorbitantes, la contestation s’est étendue à de nombreux citoyens et élus et à des sujets nouveaux : transparence, gestion saine des collectivités, démocratie... Paris, siège des deux multinationales, est revenu à une gestion publique en régie, le 1er janvier 2010, pour le plus grand bien de ses habitants. Et de nombreuses villes ont fait de même, en France et dans le monde.
Il s’agit bien de politique de l’eau, car la privatisation s’est faite au niveau local, sur décision des maires, et se défait aujourd’hui de la même façon, sous la pression des citoyens. Mais visiblement, cela reste encore tabou pour une évaluation officielle de la politique de l’eau.
La crise du modèle français de l’eau est patente, ce ne sont plus seulement les activistes de l’eau bien commun qui le disent, mais un rapport officiel au premier ministre ; il faut dorénavant partir des constats critiques et partagés qui sont faits, pour favoriser des alternatives de fond.

dimanche 15 septembre 2013

Water makes money : le film honoré




Remise du prix du philosophe Emmanuel Kant,
 le 9 mai 2014 à Fribourg (Allemagne)
 pour le film Water makes money 
 à L Franke, H Lorenz, M Pigeon et JL Touly
« Sapere aude ! (ose savoir !) 
Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières. » 



Remise du prix du philosophe Emmanuel Kant le 9 mai 2014 à Fribourg (Allemagne) pour le film Water makes money à L Franke, H Lorenz, M Pigeon et JL Touly

 

dimanche 28 juillet 2013

La SAUR s'en sort... provisoirement

Le tribunal de commerce de Versailles a approuvé, vendredi 26 juillet, la reprise et le refinancement de la Société d'aménagement urbain et rural (SAUR) par ses banques créancières, a annoncé le numéro trois français de l'eau.




Le groupe, sis à Guyancourt (Yvelines), a obtenu "l'homologation du protocole d'accord relatif au plan de refinancement de Hime-SAUR par le tribunal de commerce de Versailles", indique-t-il dans un communiqué.

Ce plan prévoit la reprise de 100 % du capital de Hime, la holding de contrôle de SAUR, par un groupe de banques menées par les françaises BNP Paribas et Natixis et la britannique Royal Bank of Scotland, en échange de l'abandon d'environ la moitié de sa lourde dette. Une procédure de conciliation avait été ouverte par le tribunal de Versailles l'an dernier pour tenter de redresser l'entreprise.

Cette homologation "marque la fin du processus de refinancement du groupe SAUR", s'est félicité, Olivier Brousse le patron du concurrent de Veolia et de Suez-Environnement sur le marché de la distribution de l'eau, en remerciant l'ensemble des acteurs (tribunal, conciliateurs judiciaires, Etat, nouveaux et précédents actionnaires et employés).

Dans la nouvelle organisation, BNP Paribas aura 21 % ; RBS, 16 % ; et Natixis, 13 %, précise le groupement de banques. Elles auront donc la moitié du capital à elles trois. Le groupe SAUR était jusque-là détenu par le FSI étatique, Séché Environnement, Axa Private Equity et le fonds d'investissement Cube. Leurs participations, qui ne valaient plus rien, n'ont fait l'objet que d'un dédommagement symbolique.

En l'échange du capital de Hime, le protocole signé début juillet prévoit de ramener la dette à 900 millions d'euros (contre plus de 1,7 milliard auparavant), ainsi qu'une division des charges d'intérêts par 3, portés à 30 millions par an. L'accord contient également une clause de flexibilité de 150 millions d'euros, permettant de réduire la dette à 750 millions en cas de difficultés liées par exemple aux évolutions de marché ou à une détérioration des conditions macroéconomiques.

La SAUR bénéficiera également de lignes de crédits nouvelles pour 200 millions d'euros. Enfin, elle sera dotée d'un conseil de surveillance présidé par Jean-Pierre Rodier, ex-PDG du groupe d'aluminium Pechiney. La finalisation de cet accord préliminaire est attendue fin septembre. L'enjeu social est de taille, puisque la SAUR emploie quelque 13 000 personnes, dont 10 000 en France.

La direction s'est engagée à ne pas licencier, mais plusieurs centaines de postes seraient progressivement supprimés à la suite de départs en retraite, selon les syndicats.


jeudi 25 juillet 2013

Vrai ou faux !

Cet article paru sur "la toile", signé par un journaliste professionnel, est vrai ou faux. 
Si EPURE est un "coup d'épée dans l'eau", c'est une trahison !
Nous attendons d'en savoir plus avant de juger mais notre inquiétude est grande.
 AGLEAU




 
Jean-Paul Huchon jette 320 000 euros à l’eau

Le président du conseil régional d’Ile de France s’apprête à financer une semaine de festivités sur la Seine en octobre. Coût pour les Franciliens : 320 000 euros. En partie subtilisés aux aides prévues pour les communes qui souhaitent remunicipaliser les services d’eau.

La bataille fait rage  au sein du conseil régional d’Ile de France entre les défenseurs du service public de l’eau et les soutiens des grands groupes privés de services aux collectivités locales. Mi-juin, les premiers l’avaient emporté en obtenant une majorité de voix pour soutenir la pétition européenne Right2water, qui veut faire de l’eau un bien inaliénable. Deux semaines plus tard, les seconds ont pris leur revanche. La Commission de l’environnement doit en effet approuver dans les jours qui viennent le versement d’une subvention de 320 000 euros pour une opération de communication autour de la Seine et de la Marne qui doit avoir lieu en octobre prochain.

Dit comme cela, l’affaire n’a l’air de rien. En fait, si le vote est positif, c’est toute la politique régionale de l’eau qui va s’en trouver chambouler, au grand soulagement des Veolia et Suez Environnement, les deux mastodontes privés de l’eau en Ile de France. Car depuis maintenant deux ans, les deux groupes privés voyaient leurs places fortes franciliennes menacées par un projet de création d’un cabinet d’audit indépendant financé par la région.

Tout a commencé début 2011 quand une élue régionale Front de Gauche, Sylvie Altman (la maire de Villeneuve-Saint-Georges), dépose un projet pour aider les collectivités locales à remunicipaliser les services de distribution d’eau. La période est cruciale : d’ici à 2015, la plupart des services gérés par des délégations de service public, gagnées par Veolia ou Suez Environnement, arrivent à échéance. Pour préparer la suite, les collectivités locales doivent donc lancer des études, mais les principaux cabinets d’audit sont liés aux groupes privés, ce qui nourrit des soupçons sur la fiabilité de leurs travaux. Pour sortir de cette situation, Sylvie Altman, soutenue par quelques élus d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), propose donc de financer la création d’un cabinet d’audit indépendant de droit privé, un statut qui permet de répondre aux appels d’offres des collectivités locales.

Seize mois plus tard, en juin 2012, le projet prend forme, mais est vidé de son objectif premier : baptisé EPURE, il se contente de prévoir la création d’un cahier des charges type. « La commission environnement a botté en touche pour ne pas avoir à affronter les géants de l’eau » raconte à un élu régional. D’ailleurs, la connivence entre le conseil régional et les sociétés privés se confirme quelques mois plus tard : en février 2013, les élus participant à une réunion avec les services du conseil pour travailler sur le cahier des charges ont la surprise de constater la présence d’Igor Semo, le directeur des relations institutionnelles de la Lyonnaise des Eaux (groupe Suez Environnement) et membre du bureau de la FP2E (fédération professionnelle des entreprises de l’eau), le lobby patronal du secteur !
Jean-Paul Huchon (DR)

Entretemps, les soutiens des sociétés privés sont passés à la contre-offensive, mais dans la discrétion. C’est Jacques Perreux, ancien élu communiste passé chez les Verts en 2009, qui est à la manœuvre. Toujours membre du conseil général du Val-de-Marne, le conseiller régional, accompagné par Cécile Duflot, qui siège alors au conseil régional, convainc, début 2012, Jean-Paul Huchon, le président de la région, de financer une grande opération de communication autour de la Seine et de la Marne. Baptisé Tous en Seine, l’évènement, qui doit se dérouler pendant une semaine en octobre prochain, coûte 320 000 euros, un budget affecté non pas sur le budget communication mais sur le poste environnement. Malgré la hausse de 30 % de ce poste pour 2013, une partie du financement de Tous en Seine (soit 70 000 euros) est pourtant prélevée sur le financement prévu pour EPURE.

Chez EELV, les questions sur ce tour de passe-passe budgétaire sont accueillies avec quelques embarras. « Le budget EPURE n’est pas entièrement consommé, ce qui permet cette réorientation des crédits » justifie un responsable du groupe. Et pour cause, à ce jour, EPURE n’a toujours pas été validé ! En clair : la majorité régionale fait traîner le dossier. Ce qui est plus surprenant est de voir le groupe écologiste, que l’on pourrait croire plus offensif sur la question de la remunicipalisation des services de l’eau, participer à la manœuvre. En attendant, alors que la plupart des collectivités locales traversées par la Seine ou la Marne organisent déjà des festivités (Paris Plage a fait des émules un peu partout dans la région), le conseil régional va financer de nouvelles festivités dont on peut s’interroger sur l’utilité.

Thierry Gadault
  

lundi 2 juillet 2012

Les élus régionaux d'Île-de-France se jettent à l'eau

Un choix capital à étendre à toute la Région


Lors de sa séance plénière du 29 juin, le conseil régional d'Île-de-France a présenté ses actions pour une gestion publique durable de l’eau.

L’eau en Île-de-France n’a pas qu’un seul prix : le mètre cube coûte 2,90€ à Paris et 4,20€ en grande couronne. Afin de favoriser l’accès à la ressource à tous sans qu’elle ne devienne une marchandise, la Région souhaite revenir à une gestion entièrement publique par le biais de régies ou de sociétés publiques locales. Elle va ainsi offrir aux communes ou syndicats intercommunaux un accompagnement financier à l’évaluation de la qualité économique, écologique et sociale de leurs services d’eau. Il sera fait en toute indépendance par des entreprises privées. Les subventions pour les investissements relatifs à l’eau ne seront accordées que lorsqu’ils seront réalisés par les collectivités territoriales.

Dans cette perspective, la Région, qui a consacré 225 millions d’euros à la politique de l’eau depuis 2007, a décidé de créer un « Espace public régional de l’eau ». Sa mission sera de promouvoir une maîtrise publique de la production, de l’assainissement et de la distribution. Son action d’analyse globale sera menée en prenant en compte les aspects sociaux, économiques et écologiques du développement durable.

Protéger la ressource

Pour sa production en eau potable, l’Île-de-France dépend de la Marne, de la Seine, de l’Oise et des nappes phréatiques. Une grande proportion n’est pas en bon état et les divers usages entraînent des tensions qui pourraient s’accentuer avec le changement climatique. La Région proposera des aides à l’ingénierie aux collectivités qui s’impliquent directement pour encourager l’agriculture biologique ainsi qu’auprès des agriculteurs qui réduiront de 50% l’usage de produits phytosanitaires. Elle continue également de s’opposer à l’exploration et l’exploitation des huiles de schiste et à œuvrer pour la restauration écologique des berges, marais et zones humides en faveur de la biodiversité.

En matière d’urbanisme, la Région fera évoluer les contrats de bassin pour les secteurs touchés par des inondations dues au ruissellement urbain ou/et par les îlots de chaleur, un phénomène urbain qui se traduit par une augmentation de quelques degrés de la température en raison des activités. La récupération des eaux pluviales et des adaptations pour « climatiser » la ville pourront être expérimentalement menées à l’échelle d’un quartier ou d’une partie d’un bassin versant.



 
Article publié le 29 juin 2012

http://www.iledefrance.fr/lactualite/environnement/environnement/une-gestion-publique-durable-de-leau/


lundi 18 juin 2012

La montée des eaux vue par ceux qu’elle menace

Dérèglement climatique
http://www.bastamag.net/article2278.html
 
Par Elodie Touret (15 juin 2012)

Le Pacifique, ses récifs de coraux, ses atolls paradisiaques… Et la montée des océans qui menace déjà quatre millions d’insulaires. Le président des Maldives a bien lancé l’alerte il y a déjà vingt ans. En vain. Alors que s’ouvre le 20 juin, à Rio, au Brésil, une nouvelle conférence des Nations unies pour le « développement durable » sur fond de dérèglement climatique, Basta ! a été recueillir les points de vue d’habitants, de chercheurs ou d’associations en Polynésie française, à l’occasion du Festival international du film documentaire océanien.


« Maria, tu peux raconter une histoire que nul autre que toi ne peut exprimer », lance le directeur d’une ONG australienne à sa collègue Maria Tiimon. Elle est originaire des Kiribati, un État constitué de trois archipels d’îles qui dépassent à peine du niveau de la mer, au beau milieu du Pacifique et de ce continent si difficile à se représenter pour un Occidental, l’Océanie.
Avec le changement climatique, la montée des eaux pourrait submerger les Kiribati, tout comme d’autres îles coralliennes océaniennes, d’ici à la fin du siècle. Pour Maria, il y a urgence. Elle sait que sur son île natale les digues de fortune sont peu à peu grignotées, inlassablement, et qu’il faut en construire de nouvelles, toujours plus proches des habitations. Elle le constate à chaque fois qu’elle revient y visiter sa famille.

Montée des océans
Maria Tiimon sait que cette situation est due au réchauffement climatique. Nous sommes en 2009. Nous la suivons durant plusieurs mois grâce au documentaire The Hungry Tide (littéralement : « la marée affamée ») réalisé par Tom Zubrycki. Maria Tiimon accepte la mission de se rendre à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique pour expliquer ce que vit sa nation devant la communauté internationale. En vain. Rien de concret ne débouchera du sommet de Copenhague. Trois ans plus tard, c’est une nouvelle conférence pour le « développement durable » qui va débuter à Rio, ce 20 juin. Et l’urgence est toujours là.
Le film de Tom Zubrycki a été projeté en février dernier au Festival international du film documentaire océanien (Fifo) de Papeete et y a remporté un prix spécial du jury. Ici aussi, en Polynésie française, on s’interroge sur les conséquences du changement climatique ; la hausse du niveau de la mer est un sujet de préoccupation majeur des pays insulaires du Pacifique. « Les dernières données disponibles montrent que cette hausse, très variable d’une région à l’autre, s’est effectuée au rythme de 1,2 centimètre par an sur les vingt dernières années dans la région du Pacifique oriental. D’ici à 2100, elle pourrait être de 50 centimètres à un mètre », annoncent les actes d’un colloque sur la question, qui s’est tenu en décembre 2011 à Tahiti.

Quatre millions de personnes concernées
« Environ 4 millions de personnes vivent aujourd’hui dans une île corallienne de moins de 1 km2 et d’au mieux 3 mètres d’altitude », ajoute Alexandre Magnan, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), et coauteur de Ces îles qui pourraient disparaître [1]. Pourtant, nombre de Polynésiens, pris dans une routine quotidienne et préoccupés par les difficultés à trouver un emploi et à gagner de quoi remplir le frigo, semblent ne pas voir les modifications.
« Le changement climatique ? La montée des eaux ? Non, nous n’avons pas ça, ici. Je viens des Tuamotu [78 atolls qui font partie de la Polynésie française, des îles particulièrement basses, ndlr] et il n’y a pas de problème. Parfois, en fonction de la météo, quelques vagues peuvent être plus fortes et abîmer un peu les terres, mais pourquoi voulez-vous que les Tuamotu disparaissent ? », plaisante à moitié un Polynésien, chauffeur d’une des navettes du festival. « Le changement climatique, c’est chez vous, en Europe, que cela va être difficile, c’est vous qui avez les sécheresses, des tempêtes inhabituelles, des épisodes de neige jamais vus ! Et c’est bien normal, puisque c’est chez vous que c’est pollué. »

« Le changement climatique, ils ne le voient pas »
La montée des eaux n’est pas le seul problème concrètement posé par le dérèglement climatique. Les océans absorbent une grande part des émissions de CO2, ce qui bouleverse la chimie de l’eau et affecte les organismes qui y vivent, à commencer par les très sensibles coraux : les récifs blanchissent ou meurent. « Dans l’archipel des Tuamotu, un atoll, au lagon fermé, vit depuis quelques mois des épisodes d’intoxication à la ciguatera. Les 150 habitants ne peuvent plus consommer leur poisson », raconte Matahi Tutavae, président du collectif d’associations Fa’afaite, pour la défense de la culture océanienne, particulièrement impliqué dans les questions environnementales et la protection de l’océan.
La ciguatera est une intoxication alimentaire courante dans les zones tropicales, due à la consommation de poissons de lagon infectés par des micro-algues qui produisent de puissants neurotoxiques et se développent notamment dans les coraux morts. « C’est une conséquence directe de l’acidification des océans, mais même dans cet atoll où la population importe désormais des boîtes de conserve, si tu vas leur parler de changement climatique et de l’alerte des scientifiques, ils te diront que non, ils ne connaissent pas, ils ne le voient pas, insiste Matahi Tutavae. Le but de nos actions est de réconcilier ces deux mondes : les scientifiques, bien souvent occidentaux, et les populations locales, que les deux se comprennent. »

Réconcilier scientifiques et populations
Fa’afaite, ce sont des équipages qui se déplacent avec les pirogues ancestrales, ces mêmes embarcations qui ont permis aux Océaniens de voyager d’île en île il y a trois mille ans. « Lorsque nous arrivons sur une île, nous écoutons les populations, pour ne pas débarquer avec nos connaissances scientifiques et nos solutions éventuelles, il nous faut travailler à une prise de conscience profonde. Et ce n’est que lorsque les Océaniens comprendront les enjeux que l’on sera suffisamment forts pour parler devant la communauté internationale », détaille Yves Doudoute, lui aussi membre de Fa’afaite.
La Maria Tiimon de Tahiti, c’est Mareva Neti de Montluc, représentante de la Polynésie à l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations unies. « L’expression "changement climatique" me dérange : elle dilue notre responsabilité et notre relation à la nature. On devrait parler de destruction climatique », plaide-t-elle. Avec les instances internationales, elle tente de réfléchir au problème de la migration des peuples. Pour les îles qui pourraient être submergées, l’enjeu serait de trouver des territoires d’accueil. Tous les politiques agitent le chiffon rouge des déplacements de populations, cela leur permet d’être relayés dans les médias.

Alerte lancée il y a vingt ans
Pour appuyer leur propos et dans un objectif de négociation au plus haut niveau de la communauté internationale, ils insistent sur la responsabilité des pays les plus industrialisés. Le premier à avoir ainsi pointé le problème est Mamoon Abdul Gayoom, le président des Maldives. Devant les Nations unies en 1989, il affirme que les peuples insulaires sont menacés du fait du changement climatique généré par les pays riches. Dans l’ensemble, les Polynésiens se refusent à accuser. « Cela nous étonne en tant qu’Occidentaux, parce que nous nous disons que c’est de notre faute et qu’ils subissent nos systèmes. Mais peut-être est-ce simplement qu’ils ne se sentent pas si différents, qu’ils se sentent embarqués dans la même galère du réchauffement climatique global. Peut-être aussi par méconnaissance de l’ampleur de la responsabilité des pays riches », analyse Olivier Roth, scénariste pour des films documentaires qui vit à Moorea.
Virginie Duvat est professeur de géographie à l’université de La Rochelle et coauteur du livre Ces îles qui pourraient disparaître : « Le mécanisme morpho-géologique des îles coralliennes les rend par nature capables de compenser des phénomènes météorologiques extrêmes. Un cyclone peut tronçonner une île, mais une tempête peut aussi leur faire gagner quelques centimètres d’altitude ou quelques hectares en amenant des dépôts coralliens. Cependant, nous sommes désormais face à un phénomène climatique, plus global, plus constant. Plus inquiétant. »

Une culture de trois millénaires rayée de la carte ?
Alexandre Magnan poursuit : « Ce sont des terres de paradoxes : on se dit qu’ils sont tout petits, qu’ils ne peuvent rien faire, alors qu’ils sont justement capables de véritables révolutions territoriales, avec une plus grande conscience de la contrainte environnementale. Le gouvernement des Maldives regroupe par exemple depuis quelques années sa population sur quelques îles, et imagine des îles artificielles surélevées. » Et d’ajouter : « Attention, je ne dis pas qu’ils ne sont pas menacés, bien au contraire. Je dis que nous les condamnons peut-être un peu vite. Notre tort aujourd’hui est de dire qu’il faut vite déplacer des populations, avec le risque dramatique de rayer de la carte trois millénaires de cultures. Les solutions sont à trouver avec eux. »
Tebikenikoora est une île des Kiribati. Dans les pas de Maria Tiimon, le réalisateur Tom Zubrycki a suivi les familles de cette île. On les voit construire des digues en sacs de ciment et écoper l’intérieur de leurs maisons ; à chaque fois, la mer a tout de même grignoté une part supplémentaire, lentement, sans éclats. À la fin du documentaire, les enfants de Tebikenikoora jouent tranquillement dans la rue, de l’eau aux genoux. Un filet de badminton y est installé. Mais ils vont partir, c’est fini, ils vont s’installer dans une autre île des Kiribati. « Développement durable », disent-ils derrière les tribunes des Nations unies.

Élodie Touret
Photo : Tom Zubrycki, extraite du documentaire The Hungry Tide.

Notes

[1] Ces îles qui pourraient disparaître, par Alexandre Magnan et Virginie Duvat, éditions Le Pommier, 2012.

vendredi 16 mars 2012

Veolia se bat pour s'en sortir !

Le Figaro nous informe ! Veolia a échappé à un "putsch". Veolia élague et abandonne, semble-t-il, les activités transport. Veolia veut n'avoir plus que 12 mùilliards de dette, fin 2013 ! Veolia faiot plaisir à ses actionnaires : son action grimpe ! En plein forum "mondial" de l'eau à Marseille, Veolia veut rassurer. Alors,  ça va mieux ou ça va moins mal ? Aux "clients" de Veolia d'en juger...

 Veolia : Antoine Frérot remanie la direction



Par lefigaro.fr Publié
Le PDG de Veolia, Antoine Frérot
Le PDG de Veolia, Antoine Frérot

Le PDG de Veolia Environnement Antoine Frérot, menacé il y a trois semaines par une tentative de putsch, a procédé vendredi à un remaniement du comité exécutif du groupe pour accélérer la mise en oeuvre de son plan stratégique.

«Denis Gasquet (directeur des opérations, ndlr), Olivier Orsini (directeur général adjoint et secrétaire général, ndlr) et Jean-Pierre Frémont (directeur général adjoint chargé des collectivités publiques et des affaires, ndlr) quittent le groupe», indique un communiqué de Veolia, qui avait déjà remanié son conseil d'administration jeudi passé.

Jeudi, Antoine Frérot était déjà parvenu à ne pas faire renouveler les mandats de deux administrateurs, la femme d'affaires espagnole Esther Koplowitz et l'ancien patron de Sanofi Jean-François Dehecq, réputés proches de l'ancien PDG de Veolia et actuel patron d'EDF Henri Proglio

À la Bourse de Paris, l'action Veolia Environnement a accéléré sa hausse, prenant 4,53% à 12,69 euros dans un marché en timide hausse de 0,26% vers 15h12.

Le tollé provoqué par Henri Proglio

En désaccord avec la stratégie de son successeur de réduire la taille du groupe, notamment en sortant de l'activité de transport public, pour le désendetter, Henri Proglio, toujours administrateur de Veolia, avait voulu, selon la presse, faire débarquer Antoine Frérot et mettre Jean-Louis Borloo à sa place. Mais le tollé provoqué par ce scénario avait fait avorter ce projet.

Le comité exécutif de Veolia passe de neuf à sept membres. Six y étaient déjà (Jérôme Gallot, Jean-Michel Herrewyn, Franck Lacroix, Jean-Marie Lambert, Jérôme Le Conte, Pierre-Francois Riolacci). Il accueille en plus Sylvain Boucher. «L'ensemble de ce comité exécutif est engagé avec détermination dans le succès de la mise en oeuvre du plan stratégique», assure Veolia. 

Le groupe rappelle que ce plan vise à le recentrer sur l'eau, la propreté et les services à l'énergie, à réduire les coûts de 420 millions d'euros d'ici 2015, céder pour 5 milliards d'euros d'actifs et réduire la dette à moins de 12 milliards d'euros fin 2013.