Gregorio Borgia/AP/SIPA
Dimanche et lundi, les Italiens sont appelés à se prononcer sur trois questions-clés par référendum. Faut-il revenir à l'énergie nucléaire ? Faut-il privatiser la gestion de l'eau ? Faut-il abroger le principe de l'immunité de Silvio Berlusconi ? Une épreuve décisive pour le gouvernement du Cavaliere. Face au black-out de la télé, les associations, les artistes et même l'Eglise se sont mobilisés pour appeler à voter avec des initiatives souvent originales et spectaculaires.
Cette semaine, un impressionnant bouche à oreille et de nombreuses initiatives populaires ont vu le jour dans toute l'Italie. Une mobilisation générale pour appeler les citoyens à participer dimanche et lundi aux deux "référendums abrogatifs" des lois sur la privatisation de l’eau et le retour au nucléaire.
Pas d'affiches, mais des drapeaux
La législation italienne prévoit la possibilité d’organiser, sur demande directe du peuple, un référendum pour abroger une loi.
- Première condition: la demande doit être présentée par au moins 500 000 électeurs et être ensuite validée par la Cour Constitutionnelle.
- Seconde condition: pour que le référendum soit effectif, la participation doit dépasser les 50% des inscrits.
Depuis 1995, aucun "référendum abrogatif d’initiative populaire" n’a réussi à surmonter l'un et l'autre de ces deux écueils.
La priorité des Comités qui ont proposé le référendum a été cette semaine de mobiliser: pas d’affiches, mais des drapeaux aux fenêtres, à l'arrière des scooters, autocollants sur les voitures et dans les bus. La campagne référendaire est faite maison. Sur le site du Comité promoteur du référendum, on insiste sur la diffusion interpersonnelle:
"Nous devons convaincre au moins 25 millions d’Italiens d'aller voter. Vu l’obstructionnisme des chaines télévisées il ne nous reste plus qu’à utiliser le bouche à oreille et bien entendu utiliser aussi les réseaux sociaux. Écrivez-le sur vos profils Facebook, partagez-le sur les murs de vos amis, écrivez des mails, envoyez des SMS, passez des coups de téléphone. Nous devons toucher tout le monde, et aussi ceux qui n’utilisent pas internet!"
Mobilisation créative
La mobilisation pour l'eau recrute, elle, jusqu'à l'Eglise catholique. Piazza del Popolo, le rendez-vous était donné aux religieux, prêtres, sœurs
Les artistes n’ont pas manqué à l’appel. Le comité "Artistes pour l’eau bien commun" a organisé de grands concerts à Milan, Turin et vendredi à Rome. Pour l'occasion, les groupes de Mario Asti, Radici nel cemento, Kabilà ont composé des titres inédits sur le thème de l’eau.
D'autres petits groupes se sont également baladés dans les rames du métro, chantant "si ce week end tu veux aller à la mer, va voter avant".
Mais c’est autour des Nasones (littéralement "gros nez"), petites fontaines publiques qui font la fierté des Romains, qu’est venue l’initiative la plus efficace. Le groupe du Comité pour l’eau a organisé les funérailles des distributeurs d'eau gratuite qui coulent jour et nuit dans la ville.
Les fontaines se sont alors mises à parler : "A l’aide" crient certaines, "l’eau est le sang de la terre", "Ta mort m’a asséché le cœur", disent d’autres."Sans toi le monde sera plus aride", lit-on encore sur les pancartes qui entourent les fontaines et leurs couronnes de fleurs mortuaires.
Rendez-vous mardi 13 juin pour vérifier l’efficacité de la mobilisation citoyenne et de ses méthodes toujours plus créatives.
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