Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

jeudi 4 août 2011

En clair, Veolia s'effondre !

Jargon et charabia pour dissimuler un effondrement brutal : "être plus manœuvrant" (sic) et supprimer les "poches d'inefficience" (resic) n'explique pas tout ! Ce qui est éclairant c'est l'annonce, par Veolia, d'une suppression d'activité dans 40 pays sur 80 ! La pieuvre se coupe elle-même nombre de ses tentacules, et ce n'est sans doute pas fini. Puissions-nous n'en pas voir les conséquences sur la gestion de l'eau déléguée à cette gigantesque entreprise aux pieds d'argile ! AGLEAU.

Veolia : un décrochage abyssal !


Cotation du 04/08/2011 à 17h39 : € 11,600 -18,88%

(Boursier.com) -- Journée d'hémorragie pour Veolia-Environnement, après la déception de la publication du 1er semestre. Depuis quelques jours, le marché était pourtant prévenu... Le groupe ne serait pas à la hauteur des attentes. En fait, toutes les divisions ont déçu tandis que la Conférence de présentation des comptes n'a pas permis aux analystes de cerner précisément les actions qui vont être menées, ni la "guidance" pour le moyen terme. "Le détail et les actions visées par notre projet sera présenté au début décembre 2011, lors d'une Investor Day" a indiqué Antoine Frérot.

Dans le doute, les investisseurs prennent donc le large et le titre sombre... Le décrochage est abyssal, puisque Veolia Environnement cède en clôture 18,9% à 11,6 Euros dans un marché de près de 3% de capital échangé. Le dossier est sur une 9e séance consécutive de baisse. Depuis le 22 juillet, Veolia Environnement a ainsi décroché de 35,6% et sa capitalisation boursière a fondu de 3,2 Milliards d'Euros.

En terme de stratégie, Antoine Frérot a indiqué vouloir "amener le groupe dans une politique qui permette de retrouver la croissance rentable au plus vite. Cette politique suppose d'être plus sélectif". Selon le PDG de Veolia Environnement, "cette politique suppose d'être plus manoeuvrant, pour nous donner les moyens de la croissance en nous dégageant des activités non prioritaires, et en réduisant nos coûts pour accroître la rentabilité du cœur de notre métier".

Cette stratégie est déjà engagée, "mais les résultats apparaissent beaucoup trop lentement" estime le patron de Veolia Environnement qui ajoute : "Le fonctionnement du groupe n'est pas satisfaisant ! Il y a trop de poches d'inefficience et de surcoûts qu'il nous faut réduire le plus rapidement possible". En conséquence, le nouveau management nommé par Antoine Frérot va tenter d'accélérer "très significativement la mise en œuvre de la politique de transformation du groupe".

Au travers de son plan d'efficacité, Veolia Environnement va réduire ses coûts opérationnels et ses coûts de structure. "Nous avons un plan d'efficacité de réduction de coûts de 250 Millions d'Euros par an, qui sera poussé à 300 ME en 2013". Le groupe lance également un plan supplémentaire d'économies, "dont l'effet net dans le résultat opérationnel sera d'au moins 150 ME en 2013".

La situation impose d'aller au-delà, via des cessions d'actifs : "Nous avons indiqué vouloir dégager 4 MdsE de cession en 3 ans. Déjà 1,241 MdE ont été dégagés en 2010 et 1,04 MdE au cours du 1er semestre 2011, mais là aussi je veux aller plus vite" annonce Antoine Frérot. Veolia Environnement va donc simplifier son organisation et recentrer ses activités en vue d'une "croissance plus sélective sur les points forts du groupe".

Concrètement, l'heure est au retour à la croissance organique et à la concentration des géographies. "La concentration des activités du groupe sur ses géographies les plus fortes se poursuit, puisque 79% de notre chiffre d'affaires est réalisé sur nos 8 premiers pays". Veolia Environnement va donc évoluer vers "un périmètre largement clarifié". "Je souhaite que nous concentrions nos activités sur les pays où nous pourrons construire une position forte fondée sur des avantages différenciants, et où nous pouvons peser sur le marché. Je veux que nous concentrions nos activités sur moins de 40 pays à la fin 2013, contre près de 80 aujourd'hui. Nous aurons ainsi un groupe plus concentré et plus réactif".

"Qui trop embrasse mal étreint"

Au travers son Plan de Convergence, Veolia Environnement simplifie également ses structures. Son plan "vise à supprimer un niveau de structure, dès la fin de cette année". Cette simplification "conduira à une réorganisation de la carte des business unit" a indiqué Antoine Frérot avant de conclure : "Nous allons rationaliser nos sièges, ils sont trop nombreux et parfois redondants"...

Antoine Frérot a conclu : "La priorité de l'entreprise est désormais la gestion et l'amélioration des performances !"

Pour mémoire, au terme du 1er semestre 2011, Veolia Environnement publie un chiffre d'affaires de 16,286 Milliards d'Euros (+4,4% à changes constants). Le résultat net part du groupe est déficitaire de -67,2 ME. En revanche, le free cash-flow est positif de 155 ME (-133 ME au S1 2010). L'endettement financier net baisse de 454 ME, à 14,8 MdsE, contre 15,2 MdsE au 31 décembre 2010.

" C'est la faute aux mauvais payeurs ! "


mercredi 13 juillet 2011

L'eau en régie : le département des Landes obtient satisfaction

Nous l'avions signalé. Voici plus de détails. Puissent tous les socialistes suivre l'exemple de leur collègue Emmanuelli... On n'en est pas encore là. AGLEAU.




Le Journal Sud-Ouest du 12 juillet 2011, titre :
Le privé perd la bataille de l’eau.

Le Conseil constitutionnel déboute les entreprises de l’eau. Le Conseil général des Landes pourra continuer à subventionner les syndicats intercommunaux qui passent en régie.

Une fois n’est pas coutume, Henri Emmanuelli, président du Conseil général des Landes, peut se féliciter d’une initiative prise par Nicolas Sarkozy. C’est grâce à une question prioritaire de constitutionnalité - une innovation juridique introduite dans la réforme constitutionnelle de 2008 - que l’élu socialiste a gagné l’un de ses plus beaux combats politiques, et sans doute le plus symbolique.

Le 8 juillet, le Conseil constitutionnel a infligé un revers cinglant aux multinationales françaises de l’eau. Les Sages ont frappé d’inconstitutionnalité un article du Code général des collectivités locales, au motif qu’il « [portait] atteinte à la libre administration des collectivités territoriales ». Il interdisait à celles qui étaient compétentes en matière d’eau potable ou d’assainissement de moduler leurs aides en fonction du mode de gestion retenu, public ou privé.

Bien plus cher que le public Cette disposition avait été introduite en 2006 par le biais d’un amendement déposé par un sénateur UMP du Cantal, lors du vote de la loi sur l’eau. « Je n’ai jamais vu une immixtion aussi grossière des intérêts privés dans le débat législatif », s’était alors indigné Henri Emmanuelli. Le but recherché, même s’il n’était pas clairement évoqué, visait à placer le Département des Landes hors la loi. De peur que l’exemple donné entre Adour et Leyre ne fasse tache d’huile dans d’autres régions.

En règle générale, les majors de l’eau invoquent les différences de conditions d’exploitation pour dénier toute pertinence aux comparaisons de prix. Dans les Landes, celles-ci sont pourtant à l’origine du retour en force des régies. En 1995, le prix moyen du mètre cube facturé par le privé était supérieur de 70 % à celui distribué par le public. Fort de ce constat, le Conseil général a alors joué sur plusieurs tableaux. Il a encouragé les forages et introduit une discrimination dans les aides pour les travaux.

Les collectivités en régie ont vu les leurs augmenter, alors qu’elles baissaient pour celles restées dans le giron du privé. Mais c’est surtout la création du Sydec, le Syndicat mixte départemental d’équipement des communes, qui a modifié la donne. Doté de moyens humains et techniques étoffés, il apporte une expertise comparable à celle des grandes entreprises. Soit il joue un rôle de conseil auprès des syndicats intercommunaux désireux de reprendre le contrôle de leurs tuyaux, soit il assume carrément la gestion des régies. Tête pensante du système, il concentre des compétences et un savoir-faire qui sécurisent des élus ruraux souvent effrayés par la difficulté de la tâche. Résultat : plus de la moitié des communes du département sont aujourd’hui en régie. Et le public n’en finit pas de gagner du terrain. Pour ne pas disparaître, le privé doit rabattre ses marges et s’aligner sur les tarifs du public.


Bataille juridique

Pendant quinze ans, la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau a multiplié les recours juridiques pour faire annuler les délibérations prises par le Conseil général des Landes. Parfois avec succès. En 2008, le tribunal administratif de Pau avait ainsi ordonné la suspension immédiate des aides, au nom de l’inégalité de traitement des consommateurs. Aujourd’hui, la décision du Conseil constitutionnel sonne le glas des espoirs des majors du mètre cube. Elles ne sont pas parvenues à tuer dans l’œuf l’exception landaise.

Les vents ne sont plus très porteurs pour les étendards du CAC 40. Pendant des années, les élus locaux ont laissé Suez, Veolia et autres amasser des profits considérables. Ils prennent désormais le temps de faire expertiser les contrats. Même si le privé détient encore 70 % de la distribution d’eau de l’Hexagone, il recule un peu partout, victime de la défiance qu’il inspire souvent, mais aussi des coups de boutoir des associations de consommateurs et de la volonté des politiques de reprendre le contrôle d’un bien public appelé à devenir rare. Le jour même où le privé perdait la bataille des Landes devant le Conseil constitutionnel, la Communauté urbaine de Bordeaux signifiait son congé à la Lyonnaise des eaux, et votait le retour en gestion directe de l’eau à l’horizon 2018.

http://www.sudouest.fr/2011/07/09/l-eau-vient-de-changer-d-ere-448094-660.php


 Pour lire la décision du Conseil Constitutionnel du 8 juillet 2011 
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2011/2011-146-qpc/decision-n-2011-146-qpc-du-08-juillet-2011.98408.html



samedi 9 juillet 2011

Le Conseil constitutionnel favorise la régie

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Le juge constitutionnel favorise le développement de la gestion en régie de l’eau

La disposition législative qui interdisait de moduler les aides départementales aux communes selon le mode de gestion qu’elles choisissent pour leur service d’eau et d’assainissement vient d’être abrogée par le juge constitutionnel. Cette décision risque de favoriser la gestion en régie de l’eau.

Contrairement à sa décision de la semaine dernière où il conservait une vision restrictive du principe constitutionnel de la libre-administration des départements (voir notre article du 30 juin), le Conseil constitutionnel a jugé contraire à la Constitution l’article L.2224-11-5 du Code général des collectivités territoriales (CGCT), car « la disposition attaquée restreignait la libre administration des collectivités territoriales, en l’espèce des départements ».

L’article L.2224-11-5 pose l’interdiction de moduler les aides publiques octroyées aux communes en fonction du mode de gestion du service d’eau potable et d’assainissement choisi.

Moduler les aides publiques octroyées aux communes en fonction du mode de gestion - A l’origine de la décision du juge constitutionnel, un contentieux devant le Conseil d’Etat entre la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau et le département des Landes qui avait donné davantage de subventions à des communes qui avaient opté pour une gestion en régie de leur service d’eau.

Au cours de l’examen contentieux de la légalité de la décision départementale, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a été soulevée par le département au nom du principe de libre-administration des collectivités locales.

Dans sa décision du 7 juillet, le Conseil constitutionnel retient cet argument et abroge l’article L.2224-11-5 du CGCT.

Les départements pourront donc désormais moduler leurs aides publiques octroyées aux communes en fonction du choix qu’elles feront entre gestion déléguée par concession, gestion déléguée par affermage ou gestion en régie.

Cette dernière sera certainement favorisée par les départements.


mercredi 6 juillet 2011

Déclaration de Créteil


http://www.fame2012.org/fr/



Déclaration de Créteil adoptée lors de la journée de dialogue franco-indien du 17 juin 2011*


« Avec la reconnaissance du droit à l'eau par l'Assemblée générale des Nations Unies, une nouvelle étape du combat pour que chaque être humain dispose d'eau en quantité et en qualité suffisantes est ouverte. Il s'agit maintenant de rendre ce droit effectif.


A cette pensée unique, nous voulons substituer la pluralité des voix de l'eau, celles des femmes, des communautés locales, des associations, des élus, qui s'expriment avec de plus en plus de force dans le monde entier, à l'exemple du peuple italien avec le référendum. Au marché de l'eau, nous voulons substituer la pluralité des alternatives qui font appel aux savoirs traditionnels comme aux techniques innovantes, dans un rapport nouveau à la population. Alternative d'une gestion publique renouvelée, forte de la participation de la population et des salariés. Alternative écologique au modèle industriel de gestion de l'eau et de l'assainissement. Alternative politique aussi car comme dit le forum italien des mouvements de l'eau : « cela s'écrit eau, cela se lit démocratie ».

Il y a urgence à changer de modèle car avec le changement climatique de nouvelles menaces pèsent : sécheresses, inondations, mais aussi concurrence accrue entre les usages : la quête éperdue d'énergie pour préserver à tout prix la société de consommation risque d'épuiser l'eau.

L'agriculture industrielle mondialisée génère 40% des gaz à effet de serre responsables de l'instabilité du climat. Très sensible au changement climatique, elle conduit à l'insécurité alimentaire. De plus, l'irrigation intensive et la pollution généralisée qui caractérisent l'agriculture industrielle aggravent encore la crise de l'eau et les inégalités rurales. Il est donc vital d'adopter d'autres modes de production agricole pour résoudre la crise de l'eau.

Nous appelons à participer au Forum alternatif mondial de l'eau, à Marseille en mars 2012, qui sera le grand rendez-vous des peuples de l'eau pour imaginer un autre monde et un autre avenir. »

* à laquelle ont participé notamment : Vandana Shiva, SiddhNath Upadhyay, Esha Shah, Gabriel Amard, président de l'agglomération des Lacs de l'Essonne, Jacques Cambon, ATTAC France, Claire Chanut du Collectif contre les gaz de schistes, Anne Le Strat, présidente d'Eau de Paris, Maurice Martin, président de l'AREP-CAMY, Jean-Claude Oliva, président de la Coordination Eau Île-de-France, Jacques Perreux, conseiller général et conseiller régional, Joseph Rossignol, vice-président du Conseil général du Val de Marne, Josiane Teissier, Coordination Eau bien commun PACA.



CONTACT: eauidf@hotmail.fr

Coordination eau Ile-de-France
Maison des Associations
19 rue du Monument
94300 Champigny-sur-Marne


L'eau d'Évry en régie dès janvier 2013


http://www.leparisien.fr/essonne-91/evry-l-agglomeration-de-valls-reprend-la-main-sur-l-eau-05-07-2011-1521397.php

Aujourd'hui déléguée à une filiale de la Lyonnaise des eaux, la distribution d'eau dans la Communauté d'agglomération Evry Centre Essonne (CAECE) sera confiée à une régie publique à partir du 1er janvier 2013. Un pavé dans la mare ou plutôt dans le réservoir d'eau. L'agglomération d'Evry (Essonne), présidée par le député maire PS Manuel Valls, reprend la main sur la distribution de l'eau potable.

Le privé continuera à se charger de l'assainissement. «Nous allons améliorer la qualité du service, baisser de 10 % le prix de l'eau et gérer directement la relation avec l'usager», promettait ce mardi Manuel Valls. Actuellement candidat à la primaire socialiste, l'élu reconnaît l'aspect politique de cette décision mais, dit-il, «l'objectif politique rejoint les objectifs économiques et financiers». Approuvée à l'unanimité lors de la conférence des maires de l'agglomération lundi, cette décision fera l'objet d'une délibération en conseil d'agglomération le 26 septembre. La CAECE qui regroupe six communes de droite comme de gauche (Evry, Courcouronnes, Bondoufle, Lisses, Ris-Orangis et Villabé) compte 116 000 habitants. Paris ou encore Grenoble ont déjà fait le choix d'une régie publique pour l'eau. Dans l'Essonne jusque-là, seule l'agglomération des lacs de l'Essonne qui unit Viry-Châtillon et Grigny, avait décidé de passer en régie publique.

http://www.agglo-evry.fr/Commun/Publications/EvryAgglo

http://www.agglo-evry.fr/Les-Missions-de-l-agglomeration/L-environnement/L-eau-et-l-assainissement

Pourquoi ce qui est possible dans l'Agglo d'Évry ne le serait-il pas dans l'Agglo de Cergy ?


mardi 14 juin 2011

Sous l'eau, on trouve toute la politique de Berlusconi et Sarkozy



Confier la gestion d'un service public au privé, c'est bien une privatisation !


C'est un succès historique pour les militants de l'eau du monde entier! Le référendum d'initiative populaire en Italie a obtenu une participation de 57% des inscrits, soit plus que les 50% nécessaires à sa validation : ce n'était pas arrivé depuis 1995 !

Plus de 95% des votants ont refusé la privatisation de l'eau et ils ont été aussi nombreux à refuser que des profits soient réalisés sur l'eau. Les tenants de la privatisation n'avaient pourtant pas manqué de leur expliquer qu'ils se trompaient, qu'en fait, il ne s'agissait pas de privatisation car la propriété des installations serait restée publique... comme en France ! Mais les Italiens n'ont pas été dupes, ils ont bien compris que confier la gestion d'un service public au privé, c'est bien
une privatisation !



A l'heure de la victoire, il ne faut pas oublier les étapes du chemin etla longue obstination de nos amis italiens. Les 1,7 millions de signatures recueillies pour obtenir le référendum. Les centaines de comités dans toute l'Italie regroupant citoyens, associations, salariés et syndicats des services publics, élus locaux, etc. Les deux manifestations monstres à Rome en mars 2010 et en mars 2011. Une dynamique citoyenne s'est construite depuis des années -on se souvient du Forum alternatif mondial de l'eau (FAME) à Florence en 2003- et a su trouver le soutien des forces de gauche comme de l'Eglise catholique, tout en s'affirmant de façon autonome avec le Forum italien des mouvements pour l'eau.

Et si nous suivions le chemin de nos amis italiens ? Et si nous étions capables de nous rassembler, de nous coordonner, citoyens, associations, salariés et syndicats des services publics, élus locaux, etc., pour constituer un grand mouvement pour l'eau en France et dans d'autres pays ? Et si le FAME en 2012 à Marseille cette fois, était le point de départ de ce mouvement ?

Remarquons enfin que la majorité absolue des électeurs italiens (plus 54% des inscrits) s'est prononcée pour la gestion publique de l'eau. Il n'y a pas de forces politiques capables de tels scores depuis bien longtemps en France et dans de nombreux pays européens! Cela donne la mesure de la légitimité politique du combat pour l'eau. Et l'eau a débordé et s'est mutuellement renforcée avec d'autres combats comme le rejet du nucléaire et le rejet de l'impunité de Berlusconi. Face à la désaffection qui frappe les institutions politiques, le combat pour l'eau montre la voie du renouveau citoyen !

Cette formidable maturité citoyenne mérite d'être entendue ! Il faut arrêter de jouer avec la démocratie et de décider à la place des citoyens des grandes questions publiques comme la gestion de l'eau ou le nucléaire. Il faut au contraire rendre la parole aux citoyens : exigeons que plus aucune privatisation, que plus aucune reconduction de délégation de service public, ne puisse se faire sans vote de la population !

Jean-Claude Oliva


dimanche 12 juin 2011

Face à Berlusconi, les Italiens se mouillent !

Gregorio Borgia/AP/SIPA

Dimanche et lundi, les Italiens sont appelés à se prononcer sur trois questions-clés par référendum. Faut-il revenir à l'énergie nucléaire ? Faut-il privatiser la gestion de l'eau ? Faut-il abroger le principe de l'immunité de Silvio Berlusconi ? Une épreuve décisive pour le gouvernement du Cavaliere. Face au black-out de la télé, les associations, les artistes et même l'Eglise se sont mobilisés pour appeler à voter avec des initiatives souvent originales et spectaculaires.

Cette semaine, un impressionnant bouche à oreille et de nombreuses initiatives populaires ont vu le jour dans toute l'Italie. Une mobilisation générale pour appeler les citoyens à participer dimanche et lundi aux deux "référendums abrogatifs" des lois sur la privatisation de l’eau et le retour au nucléaire.

Pas d'affiches, mais des drapeaux

La législation italienne prévoit la possibilité d’organiser, sur demande directe du peuple, un référendum pour abroger une loi.

  • Première condition: la demande doit être présentée par au moins 500 000 électeurs et être ensuite validée par la Cour Constitutionnelle.
  • Seconde condition: pour que le référendum soit effectif, la participation doit dépasser les 50% des inscrits.

Depuis 1995, aucun "référendum abrogatif d’initiative populaire" n’a réussi à surmonter l'un et l'autre de ces deux écueils.

La priorité des Comités qui ont proposé le référendum a été cette semaine de mobiliser: pas d’affiches, mais des drapeaux aux fenêtres, à l'arrière des scooters, autocollants sur les voitures et dans les bus. La campagne référendaire est faite maison. Sur le site du Comité promoteur du référendum, on insiste sur la diffusion interpersonnelle:

"Nous devons convaincre au moins 25 millions d’Italiens d'aller voter. Vu l’obstructionnisme des chaines télévisées il ne nous reste plus qu’à utiliser le bouche à oreille et bien entendu utiliser aussi les réseaux sociaux. Écrivez-le sur vos profils Facebook, partagez-le sur les murs de vos amis, écrivez des mails, envoyez des SMS, passez des coups de téléphone. Nous devons toucher tout le monde, et aussi ceux qui n’utilisent pas internet!"

Mobilisation créative

La mobilisation pour l'eau recrute, elle, jusqu'à l'Eglise catholique. Piazza del Popolo, le rendez-vous était donné aux religieux, prêtres, sœurs


Les artistes n’ont pas manqué à l’appel. Le comité "Artistes pour l’eau bien commun" a organisé de grands concerts à Milan, Turin et vendredi à Rome. Pour l'occasion, les groupes de Mario Asti, Radici nel cemento, Kabilà ont composé des titres inédits sur le thème de l’eau.

D'autres petits groupes se sont également baladés dans les rames du métro, chantant "si ce week end tu veux aller à la mer, va voter avant".

Mais c’est autour des Nasones (littéralement "gros nez"), petites fontaines publiques qui font la fierté des Romains, qu’est venue l’initiative la plus efficace. Le groupe du Comité pour l’eau a organisé les funérailles des distributeurs d'eau gratuite qui coulent jour et nuit dans la ville.

Les fontaines se sont alors mises à parler : "A l’aide" crient certaines, "l’eau est le sang de la terre", "Ta mort m’a asséché le cœur", disent d’autres."Sans toi le monde sera plus aride", lit-on encore sur les pancartes qui entourent les fontaines et leurs couronnes de fleurs mortuaires.

Rendez-vous mardi 13 juin pour vérifier l’efficacité de la mobilisation citoyenne et de ses méthodes toujours plus créatives.