Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

lundi 2 février 2009

Bilou n'a rien perdu. Véolia, si...


Roland Jourdain pourrait avoir du mal à conserver sa seconde place jusqu'aux Sables-d'Olonnes. (Reuters)

La presse annonce, sans rire, : « Roland Jourdain, dit Bilou, dauphin de Michel Desjoyeaux depuis 47 jours, a jeté l’éponge ». Passe encore de voir jeter l'éponge, sur un ring, pour mettre fin à une correction pugilistique, mais, en pleine mer, jeter l'éponge a quelque chose de dérisoire, voire de comique : quelle éponge pourrait bien absorber cette mer responsable de l'avarie, à moins que ce ne soit de... l'avanie?

Au passage du Cap Horn, le 5 janvier dernier, 8h50 seulement séparait Roland Jourdain du leader, soit 112 milles.

Le 8 janvier, le monocoque Véolia-Environnement, de Roland Jourdain, avait percuté un cétacé au large de l'Argentine, en début de soirée; la cloison de pied de mât était fissurée; mais Bilou n'avait pas renoncé. Il avait poursuivi sa course, sous voilure réduite, le temps pour lui ( deux à trois jours) de réparer en mer.

« La quille bordel! » Que de conscrits ont hurlé cette invective à l'approche de la fin de leur temps de service militaire. Roland Jourdain a dû, lui aussi, injurier la mer qui, le 29 janvier dernier, arrachait à son bateau Véolia-Environnement, à moins de 2000 milles des Sables-d'Olonne, tout le bulbe de la quille!

Le skipper finistérien s’était aussitôt fixé d’atteindre les Açores pour évaluer le comportement de Véolia-Environnement dans sa nouvelle configuration, mais l'examen a été implacable: le marin y risquait sa peau et le bateau, le naufrage.

Maudite quille... Quatre ans après avoir abandonné au large de la Nouvelle-Zélande, lors de l’édition 2004/2005, à cause d'une avarie de la tête de quille de Sill et Veolia, Roland Jourdain a déploré un nouveau gros souci de quille, encore plus important même, puisqu'il a, selon son équipe technique, perdu le bulbe, cette ogive pesant près de 3 tonnes qui sert de contrepoids sous-marin au mât et aux voiles, sans lequel, en principe, un tel bateau de« 60 pieds » (18,28 mètres) chavire.

Cette aventure ressemble à une parabole : le marin de Véolia n'a pas démérité mais l'ambitieux bateau a dû jeter du lest. Sans quille, le bel esquif se serait retourné sous l'effet des grands vents. Quand vient la tempête, le talent du skipper serait impuissant à l'empêcher de couler.

N'en peut-il être de même pour Véolia-environnement (l'entreprise) qui a mis beaucoup d'argent sur les eaux pour pouvoir affronter la nature et étaler sa voilure jusqu'au bout du monde? Par deux fois, l'échec a sanctionné l'orgueilleuse publicité faite à l'occasion du Vendée-Globe. En dépit du savoir faire du grand marin aux commandes, Véolia-environnement va donc revenir à terre, sans gloire, et sans pouvoir même terminer parmi les concurrents retardés. Est-ce seulement la dure loi du sport ou bien aussi le symbole même de la fragilité de quiconque veut dominer les eaux pour en tirer profit...? La mer aussi n'est pas une marchandise et, jusqu'à présent, c'est elle qui fait sa loi.



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