Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

lundi 27 septembre 2010

Water makes money à Ivry le 23 septembre : un débat indispensable.

Les critiques de notre ami Marc Laimé à l'égard du film sont, à nos yeux, excessives ! Nous y préférons, après projection à Saint Ouen l'Aumône, le compte-rendu du débat d'Ivry, qui rejoint le nôtre, et qui est présenté par Jean-Claude Oliva, président de l'association Eau Ile de France.
AGLEAU



Près de 200 personnes ont assisté à la projection de « Water makes money », le 23 septembre au cinéma le Luxy à Ivry, en ouverture de la nouvelle saison de l'Université populaire de l'eau et du développement durable (UPEDD) du Conseil général du Val de Marne, entièrement consacrée à l'eau, dans la perspective du prochain Forum mondial de l'eau en mars 2012 à Marseille.

Comme à l'accoutumée, le documentaire ne reflète pas une analyse ou une position officielle du Conseil général, mais est destiné à ouvrir le débat, à permettre l'échange le plus large sur des enjeux actuels. L'UPEDD parie sur l'intelligence critique pour favoriser l'intervention citoyenne. Un débat a suivi avec Gus Massiah, ancien président du Centre de recherche et d'information pour le développement (CRID), Bernard Defaix, président de la
Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics et Jacques Perreux, vice-président du Conseil général du Val de Marne.

Après avoir vu ce film, a immédiatement souligné Gus Massiah, on ne peut que se demander : pourquoi ça continue ? « La preuve de Grenoble » selon l'expression employée dans le documentaire par Raymond Avrillier, élu dans cette ville de 1989 à 2008, est une véritable démonstration en faveur de la gestion publique. Dans un monde marqué depuis les années 1980 par la montée d'une idéologie et de politiques de réduction drastique des services publics et par la croissance des inégalités sociales qui en résulte, il n'est pas indifférent qu'une lame de fond contre les privatisations vienne précisément du secteur de l'eau et de l'assainissement. L'eau est ainsi devenue le centre de la bataille pour les services publics dans le monde. En France, la rente de l'eau constitue le coeur du capitalisme financier et le secteur de l'eau a en commun avec celui de l'armement des liens privilégiés avec les médias.

Bernard Defaix souligne que la création de la Convergence nationale qui regroupe notamment des usagers, des salariés et des élus locaux, pose la question à la fois du retour au service public et de son avenir et l'articule à des droits fondamentaux. C'est un combat politique qui nécessite de s'organiser, sans idéologie officielle mais avec une appropriation sociale.

Jacques Perreux insiste aussi sur la dynamique du combat pour l'eau malgré l'ultra-libéralisme ambiant. A l'instar de la mairie de Munich qui a développé l'agriculture biologique autour des champs captants pour préserver et améliorer la qualité de l'eau, la prise en charge des biens communs dans l'intérêt général ne peut se faire qu'avec une maîtrise publique. Le service public départemental d'assainissement a consacré 15% de son budget annuel au nettoyage et à la réouverture de la Bièvre, une petite rivière qui avait auparavant été transformée en égout souterrain. Cela n'aurait pas été possible s'il avait fallu réserver 15% du budget aux bénéfices d'une entreprise et à la rémunération de ses
actionnaires. Plusieurs questions du public amèneront Jacques Perreux à préciser le périmètre et le rôle du service public dans le Val de Marne ; qui fait quoi dans l'eau et l'assainissement ? Public ou privé ? La multiplicité et l'imbrication des acteurs rendent la gestion de l'eau et de l'assainissement peu lisible pour la plupart des citoyens en France.

Mais pourquoi privatise-t-on ? Insiste un participant. La gratuité n'est pas une bonne idée, estime un autre. Au sujet des privatisations, Daniel Hofnung, de la Coordination EAU Île-de-France, évoque une nécessaire « critique de la modernité » technique et marchande. Gus Massiah rappelle le basculement au début des années 1980 dans une idéologie visant à limiter toute intervention publique au nom de la réduction des déficits, de la dette publique, un mécanisme qui a pesé aussi bien sur les élus que sur des pans entiers de la recherche, désormais pilotés par le privé comme on a pu le voir dans le documentaire. Gus Massiah voit la gratuité comme une contestation de la marchandisation : à l'exemple des logiciels libres, il s'agit d'inventer des formes qui n'empêchent pas l'accès de tous, tout en permettant de financer les créateurs ou les services. Avec l'accès aux droits fondamentaux, réclamé par le mouvement alter-mondialiste dans les forums sociaux mondiaux, il s'agit d'aller plus loin dans les services publics que la résistance aux privatisations ou le simple retour à ce qui existait auparavant.


Jean-Claude Oliva


vendredi 24 septembre 2010

La controverse commence...

Haro sur les multinationales de l'eau

"Water makes money" décortique le système de la délégation du service public de l'eau à des multinationales privées, comme Suez et Veolia en France.

L'Express publie l'article ci-dessous. Il met en évidence le vif intérêt et les insuffisances aussi du film. Mais ce qui manque n'invalide pas ce qui est amené ! D'autres films complèteront, le moment venu... AGLEAU


Film à charge contre les groupes privés spécialistes de la gestion de l'eau, "Water makes money" sort ce jeudi en Europe. Principalement tourné en France, il vise directement le groupe Veolia. Décryptage.

Jeudi soir, dans une centaine de cinémas associatifs en France, est projeté Water makes money : un documentaire allemand au titre anglais qui nous parle de la distribution de l'eau en France (vive la mondialisation...). Des mouvements comme Attac, la Fondation France Libertés de Danielle Mitterrand ou encore la Coordination Eau Ile-de-France se sont mobilisés à la fois pour financer et diffuser ce film, qui milite clairement pour un retour à une gestion publique de l'eau.

Réalisé par Leslie Franke et Herdolor Lorenz, déjà auteurs en 2005 de "Eau service public à vendre", qui portait surtout sur des exemples britanniques et allemands, ce nouveau film, tout aussi engagé, se consacre cette fois-ci largement aux villes tricolores, avec quelques détours outre-Rhin et outre-Atlantique. Les deux réalisateurs allemands, qui travaillent depuis des années pour ZDF ou encore Arte, s'étaient déjà illustrés avec un film contre la privatisation du rail. L'objectif de Water makes money ? "Décortiquer le système de la délégation de service public", explique Jean-Claude Oliva, président de la Coordination Eau Ile-de-France. Impossible toutefois de voir le film avant sa sortie officielle... par crainte, selon le diffuseur français La Mare aux canards, d'une manoeuvre de Veolia ou Suez pour le faire interdire. Il fallait donc se rendre hier soir jusqu'à Louviers, en Haute-Normandie, pour le découvrir en avant-première nationale.... Ou attendre le DVD transmis ce jour à la rédaction.

En guise de fil rouge du film, un homme : Jean-Luc Touly, ex-cadre et syndicaliste de Veolia pendant 30 ans, licencié en 2006 pour avoir publié des ouvrages dénonçant les scandales de l'eau, désormais bras droit de Danielle Mitterrand à la Fondation France Libertés... et tout juste réintégré dans le groupe par une décision de justice après des années de procédure. Touly ouvre le film, devant le siège parisien de Veolia Environnement, brandissant l'un de ses livres, L'eau des multinationales. Il le clot, devant l'Assemblée nationale, en affirmant : "Le retour au service public de l'eau est possible." Dommage que les réalisateurs n'aient pas assumé le choix de ce fil rouge jusqu'au bout, en nous racontant l'histoire du combat de Touly, ses motivations, ses découvertes et ses éventuelles zones d'ombre.

Au lieu de cela, ils nous baladent de Paris à Toulouse, en passant par Grenoble et Bordeaux, en brassant affaires récentes -renouvellement en 2010 du contrat du Sedif au profit de Veolia- et anciennes -privatisation de l'eau à Grenoble par Alain Carignon au profit de Lyonnaise des Eaux-, en sautant d'un sujet complexe à l'autre: le prix puis la qualité de l'eau. En ignorant un acteur important du marché, le n°3, la Saur. En oubliant que si Paris est revenu à une gestion publique de l'eau début 2010, des activités comme la relation avec les clients sont toujours confiées à des groupes privés, en l'occurence Lyonnaise des Eaux-Suez, pour cinq ans. En suscitant la colère d'un des meilleurs connaisseurs du sujet, l'ancien journaliste Marc Laimé, auteur du blog eaux glacées et interviewé dans le film.

"L'eau nécessite de l'argent"

Le plus souvent, c'est Veolia qui est pointé du doigt. Mais le groupe affirme ne pas avoir été sollicité par les réalisateurs pour répondre à leurs questions. En revanche, Suez, interrogé, a accepté de jouer le jeu et envoyé sa directrice du développement durable au charbon. Celle-ci s'en sort au final par une pirouette habile : "Wasser braucht geld" (l'eau nécessite de l'argent) et non pas "water makes money" (l'eau produit de l'argent) lance la jeune femme à la caméra. Mais les enjeux et questions posés par le film dépassent largement sa seule compétence. On aurait aimé entendre les grands patrons de l'eau sur le sujet : conflits d'intérêt, lobbying effréné, corruption, les accusations sont graves.

Chacun sait que le secteur a encore du chemin à faire avant d'être aussi clair que l'eau qu'il nous sert au robinet. Pas sûr que ce film y contribue réellement. En revanche, il est évidemment un outil pour mobiliser les citoyens à deux ans du Forum mondial de l'eau qui se tiendra à Marseille et des élections présidentielles. Comme le rappelle Touly en épilogue : "Les deux-tiers des contrats français de délégation de service public arrivent à échéance dans les quatre ans." Comprenez : la guerre est ouverte. Partisans de la gestion publique et entreprises privées vont s'affronter sans pitié.

http://www.lexpress.fr/actualite/economie/haro-sur-les-multinationales-de-l-eau_922044.html

mardi 21 septembre 2010

Water makes money : le film à ne pas rater !

Ce film est une bombe politique. Il ne s'en tient pas à évoquer la situation en France, bien que "la source" de la confiscation de la gestion de l'eau soit bien française. Il décrit, sans complaisance, ce qu'est le PPP (partenariat public privé) exporté en Allemagne ou en Amérique du sud, par exemple. Il expose pourquoi la gestion déléguée ne peut satisfaire les besoins à prendre en charge, sur la durée. Il met en évidence la puissance des entreprises géantes : Véolia et Suez. Il montre pourquoi de nombreuses villes "en reviennent" à l'étranger puis, maintenant en France. Il montre que les quelques années à venir, au cours desquelles des contrats vont venir à échéance, seront décisives. Il insiste sur l'importance du choix de retour à la gestion municipale, fait par Paris, qui irrita si violemment Henri Proglio. Il donne la parole à des acteurs locaux, dont certains sont particulièrement convaincants (notamment le maire de Munich, qui n'a rien d'un gauchiste, et qui décrit les raisons du refus, en Bavière, de la gestion privée de l'eau, sans oublier le lien fait avec l'agriculture, au-dessus des champs captants).


http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/ecologie-andre-ollivro-le-coriace-diapo-17-08-2009-511387.php

Nous y retrouvons, plusieurs fois interviewé, André Ollivro, ancien élu de l'Agglomération de Cergy-Pontoise, maintenant en Bretagne, et préoccupé non seulement par les algues vertes, mais par les causes de cette catastrophe écologique, liées à l'agriculture intensive.

Bien filmé, jamais lassant en dépit de sa longueur, Water makes money est un film qui fera date. Nul doute qu'il fasse "jaser" à partir du 23 septembre 2010, jour de sa sortie. Ne manquons pas ça !


http://http://www.watermakesmoney.com/
http://www.eauxglacees.com/Water-Makes-Money

samedi 11 septembre 2010

Catarina de Albuquerque précise, pour l'ONU, le sens du " droit à l'eau ".

Droit à l'eau : " Passer de la théorie à la mise en oeuvre "



Catarina de Albuquerque est l'experte indépendante du Conseil des droits de l'homme des Nations unies chargée de l'eau et de l'assainissement. Elle a été nommée en 2008 afin d'identifier les obstacles à l'accès à l'eau et à l'assainissement, les bons exemples, et de préciser le sens du " droit à l'eau ". Considérée comme une des meilleures spécialistes, cette Portugaise participe à la Semaine mondiale de l'eau de Stockholm, qui se déroule jusqu'au samedi 11 septembre, et revient sur la reconnaissance, le 28 juillet, du droit humain à l'eau par les Nations unies.

Modérée, déterminée, compétente et convaincue, Catarina de Albuquerque éclaire le sujet mais ne peut mettre en question le secteur privé de l'eau. Nous n'hésitons pas à le faire chaque fois qu'on vend l'eau comme une marchandise et qu'on fait d'un besoin un marché ! Mais nous ne sommes pas seuls, sur la planète, à penser ainsi. AGLEAU.

L'Assemblée générale des Nations unies vient de reconnaître que l'accès à l'eau potable était un droit humain fondamental. Est-ce une " avancée historique ", comme l'a dit la secrétaire d'État française à l'écologie, Chantal Jouanno ?

C'est un pas très important. Bien sûr, cela reste une déclaration d'intention, qui n'impose pas d'obligation légale aux Etats : je ne peux pas aller devant un tribunal et invoquer la résolution pour faire condamner un Etat. Mais reconnaître que ce droit existe, c'est donner de la visibilité au sujet, et montrer une volonté politique de le mettre en oeuvre, à la fois au niveau national et par l'aide au développement. Les Etats devront tenir leurs engagements.
Jusqu'à présent, on a beaucoup discuté pour savoir si l'accès à l'eau était un droit de l'homme ou pas. Maintenant, on en a fini avec la théorie : c'est écrit noir sur blanc, 122 pays ont voté pour, aucun n'a voté contre. On doit s'investir complètement dans l'essentiel, c'est-à-dire la mise en oeuvre concrète de ce droit.

Combien de personnes en sont aujourd'hui privées ?
Hélas, on ne le sait pas très bien. Presque un milliard de personnes n'ont pas accès à une source d'eau " améliorée ", c'est-à-dire un point d'eau assez protégé. C'est déjà considérable, mais complètement sous-estimé. J'ai ouvert des robinets dont sortait une eau marron, non potable de façon évidente. C'était pourtant considéré comme des sources " améliorées " par les statistiques. On sait aussi que 2,9 milliards de personnes n'ont pas de robinet d'eau chez elles ou à proximité, et que 2,6 milliards ne disposent pas d'assainissement de base.


Quelles sont les conséquences ?
Des maladies, des morts. Chaque année, 1,6 million de personnes - pour la plupart des enfants - décèdent de maladies liées à une eau sale. Mais aussi des jours d'école et de travail perdus, des violences physiques... Cela touche en particulier les femmes. Quand les écoles n'ont pas de toilettes séparées, les filles qui ont leurs règles n'y vont plus, elles ont honte. L'accès à l'eau et à l'assainissement est indispensable à la réalisation des autres droits de l'homme : droit à la vie, à la santé, à l'éducation...


Jusqu'à présent, beaucoup d'Etats, dont les Etats-Unis, se montraient réticents à reconnaître le droit à l'eau. Comment expliquer l'adoption de la résolution ?
Effectivement, cela a été une surprise. Personne ne pensait que les Boliviens, qui ont présenté le texte, iraient au bout de leur démarche. Certains Etats ont été mécontents d'être contraints à se prononcer. Mais la pression de l'opinion publique compte. Personne n'a eu le courage de voter non, et ces Etats - 41 pays - se sont contentés de s'abstenir.


Que craignent-ils ?

Il y a beaucoup de malentendus. Certains pensent que le droit à l'eau veut dire que l'eau potable doit être gratuite pour tous. C'est faux. Cela signifie que l'Etat doit créer un environnement favorable à la réalisation du droit à une eau saine, à proximité et à un coût accessible, et qu'on ne peut pas en être privé parce qu'on est pauvre. D'autres disent : si on reconnaît ce droit, cela signifie que le secteur privé ne peut pas être impliqué dans la distribution d'eau. C'est également faux. Il faut que l'Etat s'assure que le droit à l'eau est respecté, que le fournisseur du service soit public ou privé.

Certains redoutent aussi qu'on leur impose d'approvisionner leurs voisins pauvres en eau.

C'est encore un malentendu. Au niveau international, il y a une obligation générale de coopération. Les Etats en mesure de soutenir d'autres pays doivent aider ceux de leur choix, dans la mesure de leur possibilité, par l'aide au développement. C'est tout. Aucun pays en développement ne va pouvoir venir voir la France et lui réclamer des mètres cubes d'eau. Je fais tout ce que je peux pour dissiper ces malentendus.


Du 20 au 22 septembre, les Etats se réunissent à New York pour faire le point sur les Objectifs du millénaire de lutte contre la pauvreté, dix ans après leur adoption. Où en est-on en matière d'eau et d'assainissement ?

Sur l'assainissement, on n'atteindra pas l'objectif - diviser par deux le nombre de personnes sans assainissement de base d'ici à 2015 - , et la situation s'aggrave. Pour l'accès à des sources d'eau améliorées, on va globalement les atteindre.
C'est un progrès, mais ce n'est vraiment pas l'idéal. D'une part, parce que cette eau n'est pas forcément potable. De l'autre, parce qu'on accepte que les 50 % restants n'aient pas d'accès à ces sources. Il faut redéfinir la façon dont les progrès sont mesurés, pour être beaucoup plus proche de la réalité et des besoins des gens.


C'est l'eau "potable" qui manque...

Pourquoi ce semi-échec ?

Ce n'est pas l'eau qui manque. Même si on en consomme de plus en plus, elle est présente en quantité suffisante pour que chacun dispose de 50 à 100 litres par jour. Cela représente seulement 4 à 5 % des volumes consommés dans le monde. C'est la volonté politique qui fait défaut. Quand elle est là au plus haut niveau, même les pays les plus pauvres y arrivent.

Par exemple ?

Le Bangladesh a fait des progrès considérables en matière d'assainissement, bien qu'on dise toujours que cela coûte très cher, avec des technologies développées sur place. Ils ont conçu des toilettes qui ne coûtent que quelques dollars. Cela ne sert à rien d'imposer des technologies de pointe dans les pays pauvres.
L'autre point important, c'est que les habitants soient informés et associés. Les agences de développement ont dépensé des milliards dans des installations d'assainissement qui n'étaient pas utilisées, car les gens ne savaient pas quels bénéfices ils pourraient en tirer, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui au Bangladesh.


L'accès à l'eau n'intéresse pas les gouvernements ?

Beaucoup n'ont pas encore compris que ça vaut la peine d'en faire une priorité. Pour chaque dollar investi, les dépenses évitées sont au moins de 9 dollars. Il faut une alchimie : une vision au plus haut niveau, un ministre des finances sensible à cette question... Sinon il n'y a pas d'argent. C'est aussi une question de personnalités. Si le déclic a lieu, le pays attire les investisseurs et l'aide financière. Cela se passe au Bangladesh, en Egypte, en Afrique du Sud. Ces exemples permettent d'espérer.

Propos recueillis par Gaëlle Dupont, pour le journal Le Monde


http://rashbrax.blogs.nouvelobs.com/media/01/02/2139017962.2.jpg

  • Régression dans les villes, progression en zone rurale
L'accès à l'eau et à des services d'assainissement de base progresse dans le monde rural, mais régresse dans les villes, selon des statistiques officielles compilées par AquaFed, la fédération internationale des entreprises privées du secteur. Les raccordements ont certes progressé depuis dix ans, mais moins vite que la croissance de la population urbaine. Dans les villes, le nombre de personnes n'ayant pas accès à une source d'eau améliorée et à des toilettes a ainsi progressé de 20 % en huit ans. En outre, dire que 884 millions de personnes " seulement " n'ont pas accès à l'eau potable est une " hypocrisie ", affirme Gérard Payen, président d'AquaFed. " L'accès à l'eau amélioré signifie simplement l'accès à une eau protégée des contaminations animales, explique-t-il. Le nombre de personnes qui n'ont pas d'accès permanent à une eau saine, à un coût abordable et à proximité, est bien plus élevé, probablement autour de 4 milliards de personnes. "


jeudi 2 septembre 2010

Touly mis à sec...

Les braves gens... Indulgents avec ça !


Veolia confie les fontaines de Paris…

à Jean-Luc Touly !

2 septembre 2010

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Le tranquille petit monde de l’eau croyait avoir tout vu… En cette rentrée 2010, voici de l’inédit. Une multinationale honnie, Veolia, vient de ré-embaucher, Conseil d’Etat oblige, l’infernal Touly, dont elle avait cru pouvoir se débarrasser à moindre frais il y a 5 ans en le licenciant pour faute lourde, au motif que notre ami passait son temps à les diffamer urbi et orbi, et, cerise sur le gâteau, ladite Veolia ne trouve rien de mieux que de lui confier, nonobstant, la gestion des fontaines parisiennes, qui par ailleurs sont à sec, comme on a pu le voir cet été. D’où il appert que ce faisant le diabolique camarade Frérot offre la mairie (de Paris), dans un fauteuil, au sieur Fillon, ce que nous allons vous démontrer illico…



Il se pourrait que quelques rares tétraplégiques auvergnats, deux ou trois sourds et muets et quelques seniors violemment affectés par la maladie d’Alzheimer, et encore, nous n’en sommes pas assurés, ignorent que le ci-devant Jean-Luc Touly a durant des lustres littéralement rendu mabouls les pontes de la Générale des eaux, qui avaient eu la faiblesse insigne d’embaucher un beau jour le susdit, dont l’essentiel de la carrière professionnelle se résuma à foutre le feu à la Générale qui n’en demandait pas tant, puisqu’elle est censée fournir de l’eau, certes à un coût exorbitant, mais tout de même…

Bref, ceci tant et si bien qu’il y a cinq ans, ladite Générale des eaux se résolut enfin à licencier pour faute extrêmement lourde notre ami, qui passait il est vrai son temps à diffamer épouvantablement cette auguste entreprise, ayant entretemps rejoint les rangs d’Attac, de l’ACME, de la Fondation de Tatie Danielle, etc, etc, soit autant de repaires d’ultra-gauche qui n’ont comme on le sait comme seule préoccupation dans l’existence que de conduire à la ruine les fleurons français de l’eau et de toutes ces sortes de choses.

A l’époque l’actuel président (UMP), du Sénat, M. Larcher, avait bien évidemment fait droit à la requête de Veolia, et accepté le licenciement de notre ami, en dépit de sa qualité de représentant syndical, conseiller prudhommal et autres calembredaines.

Et que croyez vous qu’il arrivât ? Entretemps notre ami Touly, comme les medias n’ont pas manqué de le souligner, a été élu en mars dernier Conseiller régional d’Ile-de-France sur les listes d’Europe Ecologie, et siège depuis lors à ce titre au Comité de bassin Seine-Normandie, comme au Comité national de l’eau, ce qui à l’évidence ravit au plus haut point Messieurs Santini, Girardot et consors (tium).

Pire, l’infâme Touly, désormais licencié par le fait du prince Larcher, officie à la Fondation France-Libertés auprès de Tatie Danielle, siège donc au Conseil régional d’Ile-de-France du sieur Huchon, est toujours conseiller prudhommal, membre d’Anticor, d’Attac, bon on passe sur les 54 000 commissions Théodule dans lesquelles il siège, sinon Anticor va lui chercher des poux dans la tête dans le registre cumul des mandats et des rémunérations y afférent.

Jusqu’ici tout va bien.

Sauf que lundi dernier notre ami a passé sa journée à se balader incognito, enfin presque, au siège de la Générale, rue d’Anjou !

Enfer et damnation, Que Choisir va sortir un numéro spécial…

On se calme. Notre ami Touly avait contesté son licenciement devant le Conseil d’Etat, qui vient de lui donner raison, d’annuler son licenciement, et de faire obligation à Veolia de la réintégrer, nonobstant accessoirement le règlement de 4 ans et demi de salaire, la reconstitution de carrière et tout le bastringue.

Nous nous inquiétons accessoirement très fortement pour l’avenir de Veolia, dont l’armée de juristes n’aura donc pas réussi à licencier Touly. C’est dire si on peut leur faire confiance pour défendre les intérêts de la multinationale aux quatre coins du globe...

Mais c’est ici que le camarade Frérot a toutefois témoigné d’un machiavélisme que nous saluons, ému, chapeau bas.

Qu’allait-on foutre de l’infernal Touly ?

Lui proposer 200 000 euros pour solde de toute compote, ça la foutrait (très) mal auprès des 300 000 salariés du groupe qu’on pressure comme jamais, à l’heure où le cours de l’action se casse dramatiquement la gueule.

L’expédier à Hong-Kong superviser les devoirs de vacances de la fille de Jean-Louis « Houdini », bon ça serait fendard, rien que pour faire criser Henri, mais ce ne serait pas raisonnable.

Tilt, on va bombarder Touly grand fontainier des 160 fontaines que Veolia continue à gérer à Paris !

Chapeau.

Rouge, passe, impair et manque.

Tout le monde ignore qu’après avoir été boutée hors les murs par les vaillants Delanoë et Anne le Strat, Veolia a conservé la gestion des fontaines parisiennes.

Et oui, d’ailleurs cet été elles étaient à sec, même si, et sans doute parce que, des norias de pseudos Humvees aux couleurs de Veolia tournaient en rond autour desdites fontaines.

(D’ici à ce que lesdits camions aient été commandités par Suez, y a pas loin…)

Bref, c’est ici que ça devient grandiose. Lundi dernier, notre ami a entendu la DRH de Veolia lui annoncer que, compte tenu de ses innombrables mandats, et nonobstant ses importantes nouvelles responsabilités de grand chef des fontaines de Paris, l’entreprise qui doit le réembaucher n’entend pas lui imposer un temps de présence draconien. Bon, allez, une heure ou deux par mois, ça ira…

Voilà donc que Veolia offre un emploi fictif à notre ami Touly. Chef des fontaines parisiennes, à sec, depuis un lointain gourbi perdu au fond de la banlieue…

J’y viens, j’y viens.

Non, vous ne voyez pas ?

Bon, la droite du conseil de Paris ne devrait pas manquer de tomber sur le râble de Delanoe et de Le Strat, et de déclencher un scandale invraisemblable au motif qu’il est inconcevable que la Ville-lumière, qui se la joue « worldwide », on est le meilleur service public de l’eau du monde, est infoutue de faire couler de l’eau dans ses fontaines, qui sont inexplicablement demeurées dans les pognes de Veolia !

Et cela n’a au demeurant rien d’étonnant puisque c’est donc l’infernal Touly, ami et allié objectifs des susdits qui s’occupe des fontaines !

C’est bô.

Et Rafraîchissant (Enfin quand les fontaines se décideront à couler...). Ca nous changera de l’Argent de la vieille et des Roms, soit dit en passant.

Sur le fond, comme le Premier qui se la joue décontracté avec son col Mao Arnys ne peut plus compter sur l’ami Séché pour soutenir sa candidature en 2014 puisque l’option d’achat de Saur de mars 2012 à 12 fois l’Ebitda s’est fracassée à 8 fois l’Ebitda, et que les carottes sont cuites pour le Nicolin de l’Ouest, opérant un audacieux renversement, le camarade Frérot, étant acté que son mentor Proglio s’est carbonisé dans une Sarkozie qui va finir dans l’abîme, tente le génial gambit décrit ci-dessus : avec Touly aux manettes des fontaines parisiennes, Fillon va kârcheriser Hidalgo en 2014 !

Et c’est ainsi que la rue d’Anjou persévérera dans son être (et qu’Allah est grand…)

Il ne nous a pas totalement échappé que nombre de lecteurs, y compris les fidèles aficionados d’Eaux Glacées ressentiront à la lecture de ce qui précéde le sentiment de regarder Canal sans décodeur.

Le plus élémentaire honnêteté nous enjoint donc de vous révéler que le billet ci-dessus valait pour entretien d’embauche simultané au JDD qui vient de flinguer Askolowich, au service politique du Figaro, gravement décimé depuis la semaine dernière, et enfin, last but not least, au poste de conseiller du Président Pougatchev (junior) qui veille aux destinées de France-Soir depuis les Champs Elysées.

Et nous ne manquerons pas de vous informer des suites.

Nous sommes au demeurant tout à fait rassurés : Dieu reconnaîtra les siens.

Marc Laimé - eauxglacees.com