Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

lundi 27 septembre 2010

Water makes money à Ivry le 23 septembre : un débat indispensable.

Les critiques de notre ami Marc Laimé à l'égard du film sont, à nos yeux, excessives ! Nous y préférons, après projection à Saint Ouen l'Aumône, le compte-rendu du débat d'Ivry, qui rejoint le nôtre, et qui est présenté par Jean-Claude Oliva, président de l'association Eau Ile de France.
AGLEAU



Près de 200 personnes ont assisté à la projection de « Water makes money », le 23 septembre au cinéma le Luxy à Ivry, en ouverture de la nouvelle saison de l'Université populaire de l'eau et du développement durable (UPEDD) du Conseil général du Val de Marne, entièrement consacrée à l'eau, dans la perspective du prochain Forum mondial de l'eau en mars 2012 à Marseille.

Comme à l'accoutumée, le documentaire ne reflète pas une analyse ou une position officielle du Conseil général, mais est destiné à ouvrir le débat, à permettre l'échange le plus large sur des enjeux actuels. L'UPEDD parie sur l'intelligence critique pour favoriser l'intervention citoyenne. Un débat a suivi avec Gus Massiah, ancien président du Centre de recherche et d'information pour le développement (CRID), Bernard Defaix, président de la
Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics et Jacques Perreux, vice-président du Conseil général du Val de Marne.

Après avoir vu ce film, a immédiatement souligné Gus Massiah, on ne peut que se demander : pourquoi ça continue ? « La preuve de Grenoble » selon l'expression employée dans le documentaire par Raymond Avrillier, élu dans cette ville de 1989 à 2008, est une véritable démonstration en faveur de la gestion publique. Dans un monde marqué depuis les années 1980 par la montée d'une idéologie et de politiques de réduction drastique des services publics et par la croissance des inégalités sociales qui en résulte, il n'est pas indifférent qu'une lame de fond contre les privatisations vienne précisément du secteur de l'eau et de l'assainissement. L'eau est ainsi devenue le centre de la bataille pour les services publics dans le monde. En France, la rente de l'eau constitue le coeur du capitalisme financier et le secteur de l'eau a en commun avec celui de l'armement des liens privilégiés avec les médias.

Bernard Defaix souligne que la création de la Convergence nationale qui regroupe notamment des usagers, des salariés et des élus locaux, pose la question à la fois du retour au service public et de son avenir et l'articule à des droits fondamentaux. C'est un combat politique qui nécessite de s'organiser, sans idéologie officielle mais avec une appropriation sociale.

Jacques Perreux insiste aussi sur la dynamique du combat pour l'eau malgré l'ultra-libéralisme ambiant. A l'instar de la mairie de Munich qui a développé l'agriculture biologique autour des champs captants pour préserver et améliorer la qualité de l'eau, la prise en charge des biens communs dans l'intérêt général ne peut se faire qu'avec une maîtrise publique. Le service public départemental d'assainissement a consacré 15% de son budget annuel au nettoyage et à la réouverture de la Bièvre, une petite rivière qui avait auparavant été transformée en égout souterrain. Cela n'aurait pas été possible s'il avait fallu réserver 15% du budget aux bénéfices d'une entreprise et à la rémunération de ses
actionnaires. Plusieurs questions du public amèneront Jacques Perreux à préciser le périmètre et le rôle du service public dans le Val de Marne ; qui fait quoi dans l'eau et l'assainissement ? Public ou privé ? La multiplicité et l'imbrication des acteurs rendent la gestion de l'eau et de l'assainissement peu lisible pour la plupart des citoyens en France.

Mais pourquoi privatise-t-on ? Insiste un participant. La gratuité n'est pas une bonne idée, estime un autre. Au sujet des privatisations, Daniel Hofnung, de la Coordination EAU Île-de-France, évoque une nécessaire « critique de la modernité » technique et marchande. Gus Massiah rappelle le basculement au début des années 1980 dans une idéologie visant à limiter toute intervention publique au nom de la réduction des déficits, de la dette publique, un mécanisme qui a pesé aussi bien sur les élus que sur des pans entiers de la recherche, désormais pilotés par le privé comme on a pu le voir dans le documentaire. Gus Massiah voit la gratuité comme une contestation de la marchandisation : à l'exemple des logiciels libres, il s'agit d'inventer des formes qui n'empêchent pas l'accès de tous, tout en permettant de financer les créateurs ou les services. Avec l'accès aux droits fondamentaux, réclamé par le mouvement alter-mondialiste dans les forums sociaux mondiaux, il s'agit d'aller plus loin dans les services publics que la résistance aux privatisations ou le simple retour à ce qui existait auparavant.


Jean-Claude Oliva


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