Anne Le Strat, madame « eau » de Paris, a défendu la régie publique à la CALL.
(Communauté d'agglo de Lens-Liévin)
Samedi 09.04.2011, 05:16 - La Voix du Nord
Cheville ouvrière du retour de l'eau en régie depuis 2001, A. Le Strat a témoigné de l'expérience parisienne.
Hier matin, 10 heures, siège de la Communauté d'agglo de Lens-Liévin à Lens. Escortée par les adhérents de l'association Eau Secours 62 et fervents militants pour la gestion de l'eau potable en régie de service publique, Anne Le Strat, conseillère municipale de Paris et présidente d'Eau de Paris, se fraye un passage. Un comité d'accueil de syndicalistes de la CGT Veolia est là. Intimidée ? Pas le moins du monde. Anne Le Strat en est convaincue : « J'ai suffisamment d'arguments à faire valoir. »
L'usager au coeurdu service
Depuis dix-huit mois, Paris a choisi de revenir à la régie pour la gestion de l'eau. « Cette grande réforme du service publique de l'eau s'est faite en un an et demi. Paris avait trois délégataires, avec des fins de contrats différents. Le contexte était très dur et complexe. Alors je ne dis pas que c'est simple, mais que c'est possible. » Et que « ça marche ! ».
Alors le message qu'elle est venue défendre devant les élus, associations et syndicalistes est limpide. Clair comme de l'eau de roche. En gros : pour la gestion de l'eau du robinet, revenir à une régie publique s'avère « plus efficace », « plus transparent » et « plus démocratique » qu'une gestion privée confiée à de grandes multinationales.
La meilleure façon de baisser les prix serait de revenir en gestion publique. La preuve ? Un peu plus d'un an après avoir écarté Veolia et Suez du marché de l'eau, « le prix de l'eau va baisser de 8 % au mois de juillet ». Une première baisse depuis plus de 25 ans de hausse continue... Autre constat : « Grâce à la régie, nous avons réalisé trente-cinq millions d'euros de gains par rapport à l'ancienne délégation au privé », rapporte-t-elle. Avant d'ajouter : « Paris est la première collectivité à rendre effectif le droit à l'eau . » Grâce à la régie, la capitale entend désormais mener une politique d'aide sociale à l'eau.
Alors exit Veolia, opérateur privé qui règne sur le marché de l'eau à la Communauté d'agglo ? La gestion de l'eau passera-t-elle dans le giron de la CALL ? Pas si sûr. Il faudra encore convaincre les réticents. Et faire adhérer les élus.
Du côté des réfractaires, il y a les syndicalistes CGT de Veolia. « On nous propose deux scénarios : rester sur la délégation de service publique ou passer en régie. Nous, on en propose un troisième : le service public national de l'eau avec un statut unique des salariés de l'eau , explique Dominique Poly, secrétaire général CGT Veolia Flandres - Artois - Picardie. Il faut donner une dimension nationale à cette question de l'eau. »
Que défend la CGT ? Les intérêts privés des salariés de Veolia ou l'intérêt public des citoyens de la région ? On peut comprendre et admettre qu'ils ne veuillent pas lâcher la proie pour l'ombre. Il est inadmissible, par contre, qu'ils soient les agents d'une politique de privatisation au service d'une entreprise qui entend dominer "le marché" de l'eau ! Quant au troisième scénario (" le service public national de l'eau avec un statut unique des salariés de l'eau"), qu'est-ce que cela veut dire ? Ou il s'agit de mots creux ou il s'agit de la nationalisation du service de l'eau ! Mais alors, sous quel régime local ? AGLEAU
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