Nous sommes au bord d'un précipice. Ne poussez pas ! Est-Ensemble peut encore échapper au SEDIF sauf que...
... Quand les socialistes commencent à entrevoir que le dégout du gouvernement pourrait faire jouer l'alternance en leur faveur, en 2012, la prudence les envahit et ils n'osent plus s'engager dans les voies tracées par leurs propres idéaux... Ils finissent alors par retomber dans les erreurs passées en confondant leur pouvoir local et la gestion des entreprises auxquelles ils ont délégué leurs propres responsabilités.
Marc Laimé "imagine". Rêvons avec lui que les maires de Bondy et de Pantin ne se couchent pas dans les bras de Veolia.Est Ensemble : le discours rêvé de Citizen Kern
2 novembre 2010
par Marc Laimé - eauxglacees.com
Jeudi 4 novembre 2010 à 18h00, les 91 conseillers communautaires de la Communauté d’agglomération Est Ensemble, au nord-est de la Seine Saint-Denis, sont convoqués à Romainville pour un premier conseil communautaire, qui examinera, avant le vote décisif prévu le 23 novembre prochain, les différentes options envisageables en matière de gestion de l’eau à l’avenir. Une question décisive pour les 400 000 séquano-dyonisiens concernés, tant l’affaire d’Est Ensemble symbolise les enjeux de l’époque. La liberté ou la servitude ? L’espoir ou le renoncement ? M. Bertrand Kern, socialiste, maire de Pantin et président de la communauté d’agglomération Est Ensemble, tient entre ses mains un peu de l’avenir de la gauche, en Seine-Saint-Denis, et au delà. Aussi lui offrons nous ce discours rêvé, quoiqu’il en fasse…
« I have a dream. » J’ai fait un rêve. J’ai rêvé que Bertrand Kern avait choisi la liberté. Près de 50 ans après Kravchenko, il ne s’agit plus de rompre avec le cauchemar sanglant de la Kolyma. Non, mais d’en finir avec près d’un siècle de servitude. De rompre avec Frikolia, et ce faisant de réenchanter un peu le monde. D’en finir avec ce maléfice qui voit la gauche renoncer à se porter à la hauteur des rêves d’émancipation qui ont fait vivre nos parents. Pourquoi celles et ceux qui incarnent la gauche aujourd’hui peinent-ils tant à se porter à la hauteur de cette espérance ? Y renoncer définitivement signerait votre perte. Il est encore temps. Courage M. Kern. Nous vous offrons ci-après le discours que vos concitoyens attendent de vous. Il vous revient de vous porter à la hauteur de leurs espérances.
Le discours imaginaire de M. Bertrand Kern
« Mes chèr(e)s collègues,
Nous sommes réunis ici ce soir pour décider de l’avenir de la gestion de l’eau dans notre communauté d’agglomération. Depuis plusieurs mois, nous affrontons toutes et tous une affaire qui engage, au-delà du présent, l’avenir de nos enfants.
La question de l’eau, désormais, signe notre vision du monde, définit nos valeurs.
J’ai beaucoup réfléchi, beaucoup consulté.
S’il faut choisir de Jean Jaurès ou de Guy Mollet, je choisis Jaurès, vous l’aurez deviné.
Jaurès, qui dans l’Humanité, six mois durant, en 1905 déjà, s’était engagé de toutes ses forces en faveur de la gestion publique de l’eau à Paris.
Souvenons-nous de Jaurès.
Dans l’affaire qui nous préoccupe aujourd’hui, de nombreux éléments militent en faveur d’une non adhésion au SEDIF, et nombre d’entre eux ont été évoqués ou développés devant cette assemblée, mais aussi dans la presse qui s’en est fait l’écho.
Deux éléments juridiques majeurs doivent retenir notre attention : d’une part la non résolution par le SEDIF de la question de la légalité de la perception de fonds publics à laquelle il se livre, en laissant son régisseur non titré “percevoir pour son compte”, ce qui constitue une gestion de fait dont je rappellerai le caractère pénal ; d’autre part le caractère parfaitement licite de la mise en place pour une période transitoire d’un an d’une convention d’achat d’eau après du SEDIF trouvant son origine dans le nouveau contrat, et non pas dans la reconduite de la précédente convention.
Sur le premier point la situation est extrêmement claire. Comme l’a souligné le rapport juridique du cabinet Sartorio en page 16, les fonds perçus par le régisseur (que l’on se place sous l’empire du présent contrat ou du futur contrat d’ailleurs), auprès des usagers, sont des fonds publics.
Or, la loi fixe depuis 1962 (plus précisément dans l’article 12 du décret du 29 décembre 1962), un principe d’indisponibilité présumée des compétences recouvrement/paiement dont sont investies les autorités publiques.
Dans un avis du 13 février 2007, le Conseil d’Etat a précisé que : l’utilisation d’une telle compétence à la supposer déléguable est conditionnée par l’existence d’une habilitation législative, autrement dit une loi, et doit s’accompagner d’une mise en concurrence préalable, conformément au dispositif prévu dans le manuel d’application du Code des marchés publics (une telle mission s’analysant comme un mandat).
La première de ces deux conditions n’existant pas, aucune loi ne prévoyant en effet que dans le cadre d’une régie intéressée propre au domaine de l’eau, un régisseur soit légalement titré pour “percevoir pour compte” la part surtaxe d’une facture d’eau, l’adhésion de la CAEE au SEDIF équivaudrait pour cette dernière à méconnaître la loi, mais aussi l’état du droit rappelé par deux jurisprudences récentes (CE, 6 nov. 2009, n° 297877, Sté Prest’action : JurisData n° 2009-013485 et CE, ass, 28 déc. 2009, n° 304802, Cne Béziers : JurisData n° 2009-017292), et pointé du doigt par la doctrine “Maniement de fonds publics, délégataires de services d’eau et gestion de fait”. Entre pratiques publiques et infractions pénales. Etude, Gersende Bousquet et Yann Wels. La Semaine juridique, Administrations et collectivités territoriales. 19 avril 2010, hebdomadaire, N° 16, 2139, Contrats/Marchés public).
Nemo censetur legem ignorare, j’engage les membres de l’assemblée à la plus grande prudence. La gestion de fait n’est pas une petite infraction, mais un délit pénal grave (3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende), qui s’articule très souvent avec le détournement de deniers publics (puni de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende, deux peines non exclusives l’une de l’autre). A ce titre, et à en croire la presse (Bakchich hebdo n°23, du samedi 8 au vendredi 14 mai 2010), sur cet élément, le cabinet du secrétaire d’état aux collectivités locales Alain Marleix, prend la problématique : « très au sérieux […], nous avons besoin d’un délai pour instruire le dossier ».
J’ajoute qu’une telle recherche en responsabilité d’Est Ensemble, qui déciderait de réadhérer au Sedif, pourrait émaner d’une association d’usagers dont on connaît l’activisme…
Sur le second point, la présentation du rapport du cabinet d’audit, pour critiquable qu’elle puisse être sur plusieurs points, l’exprime en ces termes : la mise en place d’une nouvelle convention de gestion provisoire du service avec le SEDIF (et non pas la prolongation, dont on a bien compris qu’elle est illégale), se heurte au fait que : “Le SEDIF n’a pas intérêt à accepter la conclusion d’une telle convention, son intérêt étant que la CAEE ne soit pas un usager extérieur au périmètre de sa délégation mais qu’elle intègre le SEDIF et, en conséquence, augmente le périmètre de la délégation” (slide 33 du rapport phase 2).
Or l’intérêt de la CAEE ne saurait se confondre avec celui du SEDIF. Il incarne avant tout celui de ses usagers. Dès lors, si le seul argument à l’appui du refus d’une nouvelle convention de gestion provisoire du service est une question d’opportunisme économique, ce n’est pas une limite indépassable ; plus, c’est un argument complémentaire militant pour que la CAEE s’autonomise d’une structure, le SEDIF, qui, de toute évidence, poursuit des intérêts autres que celle de la poursuite de l’intérêt général.
Enfin, et j’en terminerai ainsi, je rappelle que les conventions de vente d’eau et d’achat d’eau qui ne se confondent pas avec une convention de gestion provisoire, sont des conventions de droit privé (CAA Marseille, 9 juillet 2007, n° 04MA02198, Commune d’Alet-les-Bains).
Merci mes chers collègues de m’avoir prêté attention. Je vous demande, vous l’aurez compris, de mettre un terme à une servitude qui na que trop duré, et de vous prononcer massivement en faveur de la gestion publique de l’eau que tous nos concitoyens appellent de leurs vœux. »
Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...
mardi 2 novembre 2010
L'Agglomération "Est-ensemble" restera-t-elle ensemble ?
mercredi 20 octobre 2010
Pour dessaler la note sera salée à Belle-Île en Mer !
Objet : usine de dessalement de l'eau de mer
Je découvre le rôle du syndicat de l'eau, montage financier publique/privé qui permet à la SAUR et à VEOLIA de mettre la main sur les captages, la distribution et le traitement de l'eau. Cela concerne 80% des communes du Morbihan. Les élus sont là pour avaliser les projets et être sur la photo le jour de l'inauguration. Les associations d'usagers sont priées de rester à la maison !
Belle-île est alimenté par 3 retenues d'eau :
- une est fonctionnelle
- une est polluée par des cyanobactéries, bébêtes pas très sympas qui ont une forme de résisance (spore) et qui ne demandent qu'à se multiplier et se promener
- une est polluée par une usine électrique qui a largué dans la nature desmétaux lourds.
La tentation sera probablement de ne plus entretenir l'existant. On risque dans 20 ans d'être devant un problème inextricable : barrages pollués et inexploitables, usine de dessalement obsolète, infiltration d'eau de mer via les canalisation de pompage d'eau salée, et coût de l'énergie exorbitant.
Nos élus sont bornés. Le président de la communauté de communes, Frédrique Le Gars a été "touché par la main de Dieu" pour mener à bien le projet contrevents et marées de façon totalement anti-démocratique.
Le président du syndicat de l'eau, Bernard Simon veut faire passer le projet en force en usant de la carrotte (suventions pour la construction), et du bâton (si vous refusez le départemment ne vous aidera plus en cas de soucis). Les usagers de l'eau du Morbihan (cad 80% des abonnés), sont priés de participer au financement de l'usine.
Cette technologie est très polluante : déchets ultimes que sont les membranes, rejets en mer des eaux de la station d'épuration et de saumures contenant des métaux lourds et des produits chimiques, dans des zones classées "Natura 2000". Cele va entraîner une pollution du milieu maritime déjà malmené, avec un rique d'interdiction de baignades, de pêche . . . Ce projet s'inscrit dans un projet de bétonnage de la côte et de course en avant dans le gaspillage.
Il existe des alternatives (économies d'eau, récupération de l'eau de pluie, gestion de l'existant). Kerguéris, président du conseil général du Morbihan, défends ce projet (pots de vin ?).
René Dumont nous avais prévenu : il y aura une bataille de l'eau au 21ème siècle. Elle a commencé à Belle-île.
Des personnes ont crée une association qui s'oppose au projet : Eaux douces
(adresse internet : eauxdouces@gmail.com)
Merci de faire circuler l'info, car on va avoir besoin de soutien.
Rose-Marie Ragot
Voir : http://eauxdouces.over-blog.com/article-droit-de-reponse-au-communique-de-presse-de-mr-legars-58938124.html
(adresse internet : eauxdouces@gmail.com)
Et le point de vue adverse : http://www.bretagne-environnement.org/Media/Quoi-de-neuf/Les-breves/Face-a-la-penurie-d-eau-Belle-ile-dessale-l-eau-de-mer
mercredi 6 octobre 2010
Même sous le régime de la DSP, on peut avoir une politique sociale réelle et pas seulement médiatique !
Danielle Mitterrand, toujours active à 85 ans, a-t-elle été convaincante auprès de son fils Gilbert ? Sans doute, encore qu'elle veuille aller plus loin même qu'à Libourne, jusqu'à la gratuité de l'eau indispensable à la vie quotidienne (40 litres).
lundi 27 septembre 2010
Water makes money à Ivry le 23 septembre : un débat indispensable.
Comme à l'accoutumée, le documentaire ne reflète pas une analyse ou une position officielle du Conseil général, mais est destiné à ouvrir le débat, à permettre l'échange le plus large sur des enjeux actuels. L'UPEDD parie sur l'intelligence critique pour favoriser l'intervention citoyenne. Un débat a suivi avec Gus Massiah, ancien président du Centre de recherche et d'information pour le développement (CRID), Bernard Defaix, président de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics et Jacques Perreux, vice-président du Conseil général du Val de Marne.
Après avoir vu ce film, a immédiatement souligné Gus Massiah, on ne peut que se demander : pourquoi ça continue ? « La preuve de Grenoble » selon l'expression employée dans le documentaire par Raymond Avrillier, élu dans cette ville de 1989 à 2008, est une véritable démonstration en faveur de la gestion publique. Dans un monde marqué depuis les années 1980 par la montée d'une idéologie et de politiques de réduction drastique des services publics et par la croissance des inégalités sociales qui en résulte, il n'est pas indifférent qu'une lame de fond contre les privatisations vienne précisément du secteur de l'eau et de l'assainissement. L'eau est ainsi devenue le centre de la bataille pour les services publics dans le monde. En France, la rente de l'eau constitue le coeur du capitalisme financier et le secteur de l'eau a en commun avec celui de l'armement des liens privilégiés avec les médias.
Bernard Defaix souligne que la création de la Convergence nationale qui regroupe notamment des usagers, des salariés et des élus locaux, pose la question à la fois du retour au service public et de son avenir et l'articule à des droits fondamentaux. C'est un combat politique qui nécessite de s'organiser, sans idéologie officielle mais avec une appropriation sociale.
Jacques Perreux insiste aussi sur la dynamique du combat pour l'eau malgré l'ultra-libéralisme ambiant. A l'instar de la mairie de Munich qui a développé l'agriculture biologique autour des champs captants pour préserver et améliorer la qualité de l'eau, la prise en charge des biens communs dans l'intérêt général ne peut se faire qu'avec une maîtrise publique. Le service public départemental d'assainissement a consacré 15% de son budget annuel au nettoyage et à la réouverture de la Bièvre, une petite rivière qui avait auparavant été transformée en égout souterrain. Cela n'aurait pas été possible s'il avait fallu réserver 15% du budget aux bénéfices d'une entreprise et à la rémunération de ses actionnaires. Plusieurs questions du public amèneront Jacques Perreux à préciser le périmètre et le rôle du service public dans le Val de Marne ; qui fait quoi dans l'eau et l'assainissement ? Public ou privé ? La multiplicité et l'imbrication des acteurs rendent la gestion de l'eau et de l'assainissement peu lisible pour la plupart des citoyens en France.
Mais pourquoi privatise-t-on ? Insiste un participant. La gratuité n'est pas une bonne idée, estime un autre. Au sujet des privatisations, Daniel Hofnung, de la Coordination EAU Île-de-France, évoque une nécessaire « critique de la modernité » technique et marchande. Gus Massiah rappelle le basculement au début des années 1980 dans une idéologie visant à limiter toute intervention publique au nom de la réduction des déficits, de la dette publique, un mécanisme qui a pesé aussi bien sur les élus que sur des pans entiers de la recherche, désormais pilotés par le privé comme on a pu le voir dans le documentaire. Gus Massiah voit la gratuité comme une contestation de la marchandisation : à l'exemple des logiciels libres, il s'agit d'inventer des formes qui n'empêchent pas l'accès de tous, tout en permettant de financer les créateurs ou les services. Avec l'accès aux droits fondamentaux, réclamé par le mouvement alter-mondialiste dans les forums sociaux mondiaux, il s'agit d'aller plus loin dans les services publics que la résistance aux privatisations ou le simple retour à ce qui existait auparavant.
Jean-Claude Oliva
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vendredi 24 septembre 2010
La controverse commence...

"Water makes money" décortique le système de la délégation du service public de l'eau à des multinationales privées, comme Suez et Veolia en France.
L'Express publie l'article ci-dessous. Il met en évidence le vif intérêt et les insuffisances aussi du film. Mais ce qui manque n'invalide pas ce qui est amené ! D'autres films complèteront, le moment venu... AGLEAU
Film à charge contre les groupes privés spécialistes de la gestion de l'eau, "Water makes money" sort ce jeudi en Europe. Principalement tourné en France, il vise directement le groupe Veolia. Décryptage.
Jeudi soir, dans une centaine de cinémas associatifs en France, est projeté Water makes money : un documentaire allemand au titre anglais qui nous parle de la distribution de l'eau en France (vive la mondialisation...). Des mouvements comme Attac, la Fondation France Libertés de Danielle Mitterrand ou encore la Coordination Eau Ile-de-France se sont mobilisés à la fois pour financer et diffuser ce film, qui milite clairement pour un retour à une gestion publique de l'eau.
Réalisé par Leslie Franke et Herdolor Lorenz, déjà auteurs en 2005 de "Eau service public à vendre", qui portait surtout sur des exemples britanniques et allemands, ce nouveau film, tout aussi engagé, se consacre cette fois-ci largement aux villes tricolores, avec quelques détours outre-Rhin et outre-Atlantique. Les deux réalisateurs allemands, qui travaillent depuis des années pour ZDF ou encore Arte, s'étaient déjà illustrés avec un film contre la privatisation du rail. L'objectif de Water makes money ? "Décortiquer le système de la délégation de service public", explique Jean-Claude Oliva, président de la Coordination Eau Ile-de-France. Impossible toutefois de voir le film avant sa sortie officielle... par crainte, selon le diffuseur français La Mare aux canards, d'une manoeuvre de Veolia ou Suez pour le faire interdire. Il fallait donc se rendre hier soir jusqu'à Louviers, en Haute-Normandie, pour le découvrir en avant-première nationale.... Ou attendre le DVD transmis ce jour à la rédaction.
En guise de fil rouge du film, un homme : Jean-Luc Touly, ex-cadre et syndicaliste de Veolia pendant 30 ans, licencié en 2006 pour avoir publié des ouvrages dénonçant les scandales de l'eau, désormais bras droit de Danielle Mitterrand à la Fondation France Libertés... et tout juste réintégré dans le groupe par une décision de justice après des années de procédure. Touly ouvre le film, devant le siège parisien de Veolia Environnement, brandissant l'un de ses livres, L'eau des multinationales. Il le clot, devant l'Assemblée nationale, en affirmant : "Le retour au service public de l'eau est possible." Dommage que les réalisateurs n'aient pas assumé le choix de ce fil rouge jusqu'au bout, en nous racontant l'histoire du combat de Touly, ses motivations, ses découvertes et ses éventuelles zones d'ombre.
Au lieu de cela, ils nous baladent de Paris à Toulouse, en passant par Grenoble et Bordeaux, en brassant affaires récentes -renouvellement en 2010 du contrat du Sedif au profit de Veolia- et anciennes -privatisation de l'eau à Grenoble par Alain Carignon au profit de Lyonnaise des Eaux-, en sautant d'un sujet complexe à l'autre: le prix puis la qualité de l'eau. En ignorant un acteur important du marché, le n°3, la Saur. En oubliant que si Paris est revenu à une gestion publique de l'eau début 2010, des activités comme la relation avec les clients sont toujours confiées à des groupes privés, en l'occurence Lyonnaise des Eaux-Suez, pour cinq ans. En suscitant la colère d'un des meilleurs connaisseurs du sujet, l'ancien journaliste Marc Laimé, auteur du blog eaux glacées et interviewé dans le film.
"L'eau nécessite de l'argent"
Le plus souvent, c'est Veolia qui est pointé du doigt. Mais le groupe affirme ne pas avoir été sollicité par les réalisateurs pour répondre à leurs questions. En revanche, Suez, interrogé, a accepté de jouer le jeu et envoyé sa directrice du développement durable au charbon. Celle-ci s'en sort au final par une pirouette habile : "Wasser braucht geld" (l'eau nécessite de l'argent) et non pas "water makes money" (l'eau produit de l'argent) lance la jeune femme à la caméra. Mais les enjeux et questions posés par le film dépassent largement sa seule compétence. On aurait aimé entendre les grands patrons de l'eau sur le sujet : conflits d'intérêt, lobbying effréné, corruption, les accusations sont graves.
Chacun sait que le secteur a encore du chemin à faire avant d'être aussi clair que l'eau qu'il nous sert au robinet. Pas sûr que ce film y contribue réellement. En revanche, il est évidemment un outil pour mobiliser les citoyens à deux ans du Forum mondial de l'eau qui se tiendra à Marseille et des élections présidentielles. Comme le rappelle Touly en épilogue : "Les deux-tiers des contrats français de délégation de service public arrivent à échéance dans les quatre ans." Comprenez : la guerre est ouverte. Partisans de la gestion publique et entreprises privées vont s'affronter sans pitié.
http://www.lexpress.fr/actualite/economie/haro-sur-les-multinationales-de-l-eau_922044.html
mardi 21 septembre 2010
Water makes money : le film à ne pas rater !
Bien filmé, jamais lassant en dépit de sa longueur, Water makes money est un film qui fera date. Nul doute qu'il fasse "jaser" à partir du 23 septembre 2010, jour de sa sortie. Ne manquons pas ça !
http://http://www.watermakesmoney.com/
http://www.eauxglacees.com/Water-Makes-Money
samedi 11 septembre 2010
Catarina de Albuquerque précise, pour l'ONU, le sens du " droit à l'eau ".
Catarina de Albuquerque est l'experte indépendante du Conseil des droits de l'homme des Nations unies chargée de l'eau et de l'assainissement. Elle a été nommée en 2008 afin d'identifier les obstacles à l'accès à l'eau et à l'assainissement, les bons exemples, et de préciser le sens du " droit à l'eau ". Considérée comme une des meilleures spécialistes, cette Portugaise participe à la Semaine mondiale de l'eau de Stockholm, qui se déroule jusqu'au samedi 11 septembre, et revient sur la reconnaissance, le 28 juillet, du droit humain à l'eau par les Nations unies.
L'Assemblée générale des Nations unies vient de reconnaître que l'accès à l'eau potable était un droit humain fondamental. Est-ce une " avancée historique ", comme l'a dit la secrétaire d'État française à l'écologie, Chantal Jouanno ?
C'est un pas très important. Bien sûr, cela reste une déclaration d'intention, qui n'impose pas d'obligation légale aux Etats : je ne peux pas aller devant un tribunal et invoquer la résolution pour faire condamner un Etat. Mais reconnaître que ce droit existe, c'est donner de la visibilité au sujet, et montrer une volonté politique de le mettre en oeuvre, à la fois au niveau national et par l'aide au développement. Les Etats devront tenir leurs engagements.
Combien de personnes en sont aujourd'hui privées ?
Quelles sont les conséquences ?
Jusqu'à présent, beaucoup d'Etats, dont les Etats-Unis, se montraient réticents à reconnaître le droit à l'eau. Comment expliquer l'adoption de la résolution ?
Que craignent-ils ?
Il y a beaucoup de malentendus. Certains pensent que le droit à l'eau veut dire que l'eau potable doit être gratuite pour tous. C'est faux. Cela signifie que l'Etat doit créer un environnement favorable à la réalisation du droit à une eau saine, à proximité et à un coût accessible, et qu'on ne peut pas en être privé parce qu'on est pauvre. D'autres disent : si on reconnaît ce droit, cela signifie que le secteur privé ne peut pas être impliqué dans la distribution d'eau. C'est également faux. Il faut que l'Etat s'assure que le droit à l'eau est respecté, que le fournisseur du service soit public ou privé.
Certains redoutent aussi qu'on leur impose d'approvisionner leurs voisins pauvres en eau.
C'est encore un malentendu. Au niveau international, il y a une obligation générale de coopération. Les Etats en mesure de soutenir d'autres pays doivent aider ceux de leur choix, dans la mesure de leur possibilité, par l'aide au développement. C'est tout. Aucun pays en développement ne va pouvoir venir voir la France et lui réclamer des mètres cubes d'eau. Je fais tout ce que je peux pour dissiper ces malentendus.
Du 20 au 22 septembre, les Etats se réunissent à New York pour faire le point sur les Objectifs du millénaire de lutte contre la pauvreté, dix ans après leur adoption. Où en est-on en matière d'eau et d'assainissement ?
Ce n'est pas l'eau qui manque. Même si on en consomme de plus en plus, elle est présente en quantité suffisante pour que chacun dispose de 50 à 100 litres par jour. Cela représente seulement 4 à 5 % des volumes consommés dans le monde. C'est la volonté politique qui fait défaut. Quand elle est là au plus haut niveau, même les pays les plus pauvres y arrivent.
Par exemple ?
Le Bangladesh a fait des progrès considérables en matière d'assainissement, bien qu'on dise toujours que cela coûte très cher, avec des technologies développées sur place. Ils ont conçu des toilettes qui ne coûtent que quelques dollars. Cela ne sert à rien d'imposer des technologies de pointe dans les pays pauvres.
L'accès à l'eau n'intéresse pas les gouvernements ?
Beaucoup n'ont pas encore compris que ça vaut la peine d'en faire une priorité. Pour chaque dollar investi, les dépenses évitées sont au moins de 9 dollars. Il faut une alchimie : une vision au plus haut niveau, un ministre des finances sensible à cette question... Sinon il n'y a pas d'argent. C'est aussi une question de personnalités. Si le déclic a lieu, le pays attire les investisseurs et l'aide financière. Cela se passe au Bangladesh, en Egypte, en Afrique du Sud. Ces exemples permettent d'espérer.

- Régression dans les villes, progression en zone rurale