Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

mercredi 28 octobre 2009

En Palestine, la guerre de l'eau a commencé depuis longtemps

Dans un rapport rendu public le 26 octobre 2009, et diffusé largement par l'AFP, Amnesty International accuse Israël de priver les Palestiniens d'eau tout en laissant les colons israéliens de Cisjordanie profiter de quantités "presque illimitées".

Israel limiterait elle l'eau aux Palestiniens ?

Amnesty international attire l'attention du monde entier sur la discrimination mortelle qui frappe les Palestinien par manque d'eau.

Les Israéliens consomment quatre fois plus d'eau que les Palestiniens, selon le rapport. Cette "inégalité" est encore plus criante dans certaines régions de Cisjordanie où des colonies utilisent 20 fois plus d'eau par tête d'habitant que les Palestiniens des localités voisines qui survivent avec 20 litres par jour.

"Piscines, pelouses bien arrosées et vastes exploitations agricoles irriguées dans les colonies contrastent avec les villages palestiniens voisins dont les habitants doivent se battre quotidiennement pour assurer leurs besoins en eau", poursuit le rapport.

Selon Amnesty, les Palestiniens ne sont pas autorisés à creuser des nouveaux puits ou à restaurer les anciens sans permis des autorités israéliennes. En outre, de nombreuses routes de Cisjordanie sont fermées ou limitées à circulation, ce qui contraint les camions-citernes à faire des détours pour ravitailler les villages qui ne sont pas reliés au réseau de distribution d'eau.

Amnesty évalue à environ 200.000 le nombre des Palestiniens qui n'ont pas accès à l'eau courante en Cisjordanie. Dans la bande de Gaza, l'offensive israélienne de l'hiver dernier a endommagé les réservoirs d'eau, les puits, les égouts et les stations de pompage. Le système de traitement des eaux usées à été particulièrement touché car Israël interdit l'importation des tuyaux et autres équipements métalliques de crainte qu'ils ne servent à fabriquer des roquettes artisanales. Sur les côtes de Gaza, la mer et les plages sont polluées par l'infiltration des égouts.

En conclusion, Amnesty appelle Israël à "mettre fin à ses politiques discrimatoires et à lever immédiatement toutes les restriction imposées aux Palestiniens" pour leur permettre un accès équitable à l'eau.

Le point de vue israélien :

Selon Marc Regev, porte-parole du gouvernement israélien :"La vérité, c'est que si l'on compare la consommation des Palestiniens par tête depuis 1967 par rapport à aujourd'hui, on voit qu'elle n'a fait que progresser. Et si vous regardez la consommation d'eau pure, naturelle en Israël sur la même période, vous verrez qu'elle a baissé d'un peu moins de la moitié."

Selon les autorités israéliennes, "les données concernant la consommation d’eau douce naturelle montre clairement qu’Israël agit équitablement et donne suite aux exigences palestiniennes. En 1967, la consommation d’eau douce naturelle en Israël était de 508 m3 par habitant et par an. En 2008, elle a chuté de façon spectaculaire à 149. Les chiffres palestiniens pour le même niveau de consommation sont passés de 86 (en 1967) à 105 (en 2008). Israël a offert de fournir les Palestiniens en eau dessalée, mais cette offre est systématiquement rejetée en raison de motivations politiques".

http://jssnews.com/2009/10/28/israel-ne-vole-pas-leau-des-palestiniens-elle-leur-en-donne/

La réponse à ce faible argumentaire est aisée! S'il était vrai qu'entre 1967 et 2008 la consommation d'eau par Israélien soit tombée de 508 à 149 m3 par habitant, tandis que celle des Palestiniens passait de 86 à 105 m3, cela révèlerait que l'État israélien a commencé par gâcher l'eau alors que les Palestiniens en manquaient déjà très lourdement. Aujourd'hui, l'inégalité statistique globale subsiste (car les poids démographiques très différents des deux populations expliquent la différence des besoins, tout au long de ces quatre décennies passées!), mas rien ne justifie (même si les chiffres israéliens sont exacts!) qu'au début du siècle, la consommation des Israéliens par habitant reste très supérieure à celle d'un Palestinien. En outre, le maintien, par impossibilité d'accès aux ressources, des inégalités entre Palestiniens eux-mêmes est un facteur de désordre qu'il est difficile de ne pas considérer comme voulu! Enfin, faire dépendre les besoins en eau des Palestiniens de l'autorité d'Israël démontre, s'il le fallait encore, que l'État d'Israël refuse aux Palestiniens le droit de se gouverner.

clipb.1254404493.jpgVoir aussi Les guerres de l’eau, de Frédéric Lasserre, préfacé par Michel Rocard), qui livre une batterie de chiffres intéressants au chapitre “La paix avec les Palestiniens…sans l’eau?”

Selon cet ouvrage, 57% de l’eau d’Israël provient de l’extérieur de ses frontières de 1967, et 25% de ses ressources renouvelables des territoires palestiniens. Israël enregistre un déficit annuel en eau de 400 millions de mètres cubes depuis 1998.

Alors qu’un Israélien consomme en moyenne quatre fois plus d’eau qu’un Palestinien, il règne dans les territoires occupés, selon le livre, une inégalité de traitement entre les Palestiniens, facturé au prix de l’eau potable pour l’eau agricole (entre 1,8 et 2,1 shekels par mètre cube) alors que les colons bénéficient de tarifs particuliers (0,3 à 0,5 shekel par mètre cube).

Toujours selon la même source, les autorités militaires n’autorisent que les puits de 70 mètres de profondeur pour les Palestiniens (contre 350 mètres pour les colons.)

“Accepter les revendications palestiniennes reviendrait, pour Israël, à réduire ses ressources de plus de 20%…”, estime Frédéric Lasserre. Ce qui serait très difficilement comblé par la technique du dessalement d’eau de mer pourtant mise en œuvre avec succès par Israël.

On peut, sans approuver tout ce que la presse fournit comme arguments, se rendre compte, sans doute possible, que non seulement les Palestiniens subissent une injustice majeure, portant sur ce qui essentiel à la vie, mais que nous avons là une cause de guerre permanente!

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