L'eau, source de vie ou de profit ?
Et c'est là le cœur du problème : l'eau doit-elle être une source de vie ou une source de profit ? Peut-on éthiquement accepter que l'eau serve à enrichir les actionnaires de ces grands groupes (essentiellement, en France, Véolia, Suez et la Saur) ? Surtout quand des familles n'ont pas accès au minimum d'eau nécessaire pour vivre et que cette ressource est loin d'être inépuisable sur la planète. On sait que la désertification continue sa progression et que l'eau se raréfie. Dans le même temps, la consommation progresse structurellement par le double impact de l'augmentation de la population et de la croissance de nos besoins liée, notamment, à notre mode de production alimentaire. Dans ce contexte, aujourd'hui, 1,5 milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, 2 milliards n'ont pas d'installation sanitaire et 2,5 milliards consomment de l'eau polluée.
Le retour sur l'histoire de cette gestion de l'eau apporte un éclairage intéressant, puisque ce système n'a connu qu'une expansion assez récente hors de France, au moment de la "révolution" conservatrice et néo-libérale des années 80 avec notamment l'attribution du marché de l'eau à des compagnies privées au Royaume-Uni de M. Thatcher et au Chili d'A. Pinochet ! L'argument premier en était donc bien l'idéologie de la suprématie du marché.
Alors, s'il doit y avoir un débat sur ce sujet (en France en général et au sein du PS en particulier), et en ce sens nous nous joignons à "à contre courant", nous affirmons aujourd'hui : que le droit à un minimum d'eau est un droit fondamental et universel, quel que soit son pays ou ses moyens. Nous appelons donc à la mise en place de la gratuité des premières tranches d'eau, financée par une élévation progressive du coût des tranches suivantes et calculée en litre d'eau par individu préservant ainsi les familles nombreuses. Ce principe allie justice sociale et écologique, puisque les gros consommateurs payeront pour ceux qui sont économes de la ressource, le mésusage finançant l'usage. L'Afrique du Sud a déjà constitutionnalisé ce principe, fournissant à sa population 25 litres par personne et par jour. A nous de suivre ce mouvement.
L'eau est un bien universellement partagé et il ne peut donc faire l'objet d'un quelconque profit. Nous appelons donc à sa gestion par un système de régie publique ou une SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif), permettant d'unir consommateurs et responsables politiques dans une gestion collective et raisonnée de la ressource.
Il n'y a, dans ces prises de position, nul procès ou nulle méfiance a priori, mais une réflexion éthique alliée à un souci pragmatique de répondre à un enjeu planétaire de ce XXIème siècle : gérer l'eau en conciliant justice sociale et écologie.
Alexandre Fabry, porte-parole d'Utopia au PS, et d'autres cossignataires.
Voir : http://www.lemonde.fr/elections-regionales/article/2010/03/09/l-eau-source-de-vie-ou-de-profit-alexandre-fabry-nicolas-pagnier_1316848_1293905.html
1 commentaire:
Pourquoi le Monde - journal sérieux accepte - d'être au coeur de discussions politiques qui devraient être menées au sein de ce parti ? Je ne suis pas au PS et je n'achète pas le Monde à la place du journal interne du PS !!!
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