Selon Les Échos, quatre grandes villes de France sont aussi au cœur de la concurrence entre Suez et Véolia. Par le passé, la Lyonnaise des Eaux (devenue Suez environnement) et la Générale des Eaux (devenue Véolia Eau) s'entendaient pour se partager au mieux un gâteau immense. Le profit était garanti. Ce temps est révolu. La non concurrence est devenue illicite. La concurrence assumée, c'est la guerre commerciale. Nous y voilà. La presse économique en fait état. C'est bien "la foire d'empoigne"...
Un délit « d'abus de position dominante collective »
Les sociétés de distribution d'eau de Marseille, Lille, Saint-Etienne et Versailles sont détenues à parts égales par Veolia et Suez Environnement. Les groupes ont pour consigne de décroiser leurs participations et les négociations ont déjà commencé secrètement.
L'histoire remonte à 2002. Le Conseil de la concurrence fait savoir aux deux géants français de l'eau qu'il est temps de mettre fin à une vieille pratique : contrôler ensemble des sociétés de gestion d'eau. Considérant que détenir à parts égales les services de distribution ou d'assainissement de villes aussi importantes que Marseille, Lille, Saint-Etienne et Versailles constitue un délit « d'abus de position dominante collective », les juges avaient demandé au ministre de l'Economie d'examiner « au cas par cas » s'il y a lieu de démanteler ces filiales communes. Six ans plus tard, après un recours judiciaire perdu par Veolia, le ministère des Finances a sifflé la fin de la partie l'an dernier, demandant expressément aux deux groupes de décroiser leurs participations. Depuis septembre, fin des élections sénatoriales, la pression est montée d'un cran, avec menace de transmettre le dossier à la future Haute autorité de la concurrence. Les négociations ont commencé en secret ces dernières semaines, et il semble qu'un point important soit encore en discussion.
Théoriquement, la situation est simple : les contrats de concession attribués aux sociétés communes doivent aller jusqu'à leur échéance puisqu'ils n'ont pas été cassés par la demande de la DGCCRF. Il suffit de calculer la valeur des actifs, faire deux blocs équivalents et procéder à l'échange des participations. Mais, dans le contexte de remunicipalisation de la distribution de l'eau à Paris et du lancement de l'appel d'offres du Sedif, cette vieille affaire, jamais résolue, contribue à créer un contexte explosif.
6 % du marché français de la distribution de l'eau potable
Pour Suez Environnement, qui vient de s'introduire en Bourse, après la fusion GDF-Suez, il est vital de conquérir des parts de marché. Pour Veolia, dont la valeur boursière s'est effondrée depuis le début de l'année, toute annonce défavorable peut être lourde de conséquences.
A elles seules, les quatre sociétés communes pèsent près de 3 millions d'habitants, environ 6 % du marché de la distribution de l'eau potable. « Les cartes vont être redistribuées. Au-delà de la taille de ces villes et du chiffre d'affaires que cela représente, détenir un gros contrat permet de répondre plus efficacement aux appels d'offres des collectivités environnantes. Cela permet de tisser un réseau de liens et de disposer d'une base locale solide », analyse Loïc Mahévas, directeur de Service Public 2000, une société de conseil aux collectivités locales. Dans les Bouches-du-Rhône, le marché de la distribution est aujourd'hui contrôlé à 31 % par Veolia, 13 % par Suez Environnement... et 38 % par la Société des Eaux de Marseille. Résultat, si Veolia prend le contrôle de la totalité de cette dernière, le groupe détiendra 70 % de ce marché ! En Ile-de-France, Veolia pèse déjà 56 % et Suez Environnement 23 %. La Société des Eaux de Versailles avec 3 % de part de marché ne bouleversera pas les grands équilibres, mais permettra au vainqueur de consolider ses positions.
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