Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

dimanche 30 octobre 2011

DSP : de la sous-concurrence à la sur-concurrence ?

AGLEAU aurait-elle eu tort d'avoir raison trop tôt ? L'article paru dans la Gazette des Communes, publication très officielle des collectivités locales met, tout simplement en garde contre l'inversion des pratiques des "majors" (Veolia, Suez...). Dans le passé, les "Sœurs" (qu'on appelait CGE, Lyonnaise des eaux, la Saur) se partageaient le marché. Les collectivités locales suivaient. Aujourd'hui, c'est la guerre entre Veolia et Suez, notamment, quitte à brader le service rendu, pour conserver les marchés en fin de contrat !

Alors, on abaisse les coûts au-delà du raisonnable et, bien entendu, on conserve les profits. Résultat, on croira faire des affaires mais, les investissements ne suivant pas, l'emploi reculant, les consommateurs vont... en faire les frais !

L'expression même de DSP low cost fait froid dans le dos ! Pire, on fait état de DSP toxique, comme dans les banques frauduleuses. Autrement dit, c'est -et nous ne pleurerons pas - la remise en cause, à court ou moyen terme de ces DSP qui ne remplissent plus leur office. Encore faudra-t-il que les élus concernés s'en rendent compte et préparent la sortie de ces DSP qu'elles soient "à bas coût", "toxiques" ou, tout simplement contraires aux intérêts des usagers et des collectivités locales.




Eau et assainissement : gare à l’hyperconcurrence et aux DSP « low cost »


Le cabinet Service Public 2000 a mis en garde, lors d’un colloque le 20 octobre 2011, contre les « offres anormalement basses » des opérateurs, annonciatrices de dégradation du service et du
patrimoine.

« La guerre économique entre opérateurs semble basculer vers l’irrationnel », estime Loïc Mahévas, directeur général de Service Public 2000. La société de conseil aux collectivités constate une baisse de 20 % du prix du service proposé par les délégataires, sur les renouvellements de contrats d’eau et d’assainissement qu’elle a accompagnés depuis mi-2009.

Après des décennies de compétition insuffisante entre les majors, cette « hyperconcurrence » est jugée « préoccupante » par le cabinet, qui évoque une « délégation de service public (DSP) low cost ».

Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer cette évolution :
• une baisse du nombre de contrats,
• le recentrage de quelques acteurs sur le marché français,
• la concurrence de la régie,
• et l’extrême rivalité entre les opérateurs privés.

Baisse des prix malgré contraintes renforcées - « Comment les prix peuvent-ils baisser alors même que les exigences des autorités délégantes se renforcent et que leur non-respect donne lieu à pénalités ? », s’interroge Loïc Mahévas.

Pour le cabinet conseil, fondé par l’Association des maires de France (AMF) et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), cet effet ciseau pose la question de l’avenir de la DSP, relève Loïc Mahévas. Ces offres anormalement basses indiquent clairement que des contrats ne seront pas rentables. Comme les délégataires ne pourront boucler leurs comptes, il se prépare une course aux avenants et des conflits avec leurs délégants. »

DSP « toxiques » - Le directeur général alerte donc les élus sur les « DSP « toxiques », qu’ils risquent de payer dans la durée : « une offre trop alléchante est annonciatrice de dégradation du service et du patrimoine. Le service d’eau potable chiffré à 1 euro ne sera jamais équivalent à celui facturé 1,5 euro. »

Du côté de la FP2E (Fédération professionnelle des entreprises de l’eau), qui représente les entreprises délégataires, ces risques ne sont pas avérés. On préfère voir dans cette baisse de la part du délégataire « un signal positif dont vont bénéficier les collectivités comme les consommateurs », explique Tristan Matthieu, président de la commission économique de la FP2E .

Modifier le cahier des charges – Dans ce contexte, SP2000 propose de faire évoluer la nature du cahier des charges de l’appel d’offres, en définissant des critères plus précis concernant le prix, en prenant en compte d’autres critères et en les pondérant. Il est aussi possible de réaliser un prévisionnel des coûts, afin de fixer un prix raisonnable pour le délégataire, et de juger alors la qualité de l’offre ; ou d’utiliser les enchères inversées en demandant aux entreprises de justifier les baisses de prix qu’elles proposent.

Une évolution à laquelle ne sont pas opposées les entreprises, qui seraient prêtes à s’adapter : « il est de la responsabilité des autorités organisatrices de pondérer le critère du prix et de mettre en appréciation d’autres critères comme le développement de l’emploi local ou l’innovation », conclut Tristan Matthieu.

http://www.lagazettedescommunes.com/80128/eau-et-assainissement-gare-a-l%E2%80%99hyperconcurrence-et-aux-dsp-%C2%AB-low-cost-%C2%BB/



jeudi 27 octobre 2011

Veolia souffre d'une... fuite en avant !

Marianne nous apprend que l'ex-patron de la Société Générale, Daniel Bouton, débarqué après l'affaire Kerviel, loucherait sur Veolia. Il fait déjà partie du Conseil d'administration de la pieuvre.


Il organiserait un "putsch" contre Antoine Frérot, à qui Henri Proglio a laissé, en partant, une situation peu glorieuse pour l'entreprise et qui ne s'arrange pas ! Les pertes de Veolia ont atteint 67 millions d'euros au deuxième trimestre 2011. Son cours de bourse s'est coupé en deux lors des six derniers mois. Les ambitions internationales ont été réduites. Des collectivités locales, de plus en plus nombreuses, cherchent à échapper à la main mise de Veolia via les DSP.

Le fléchissement du colosse aux pieds d'argile s'accompagne de conflits sociaux internes que "l'Union générale des Syndicats FO Veolia eau" révèle. En septembre 2011 on aurait tenté de "vendre" aux syndicats une... "restructuration réduisant les emplois afin de préserver les bénéfices et devant aboutir à des primes de résultat" (sic) ! On a osé demander aux organisations syndicales d'accepter que les salariés malades soient sanctionnés pour distribuer les sommes récupérées aux salariés en service ! "C'est ainsi qu'est gérée Veolia depuis Messier, la même fuite en avant vouée à l'échec" affirme le syndicat. Bref on cherche des gains de productivité estimés à au moins 10%.


Toujours à demander plus ces syndicats...

La profitabilité est devenu un concept ! Tout ce qui profite au profit est recherché. Ce qui le minimise est écarté. Et l'on voudrait que les consommateurs aient confiance en une entreprise privée qui n'a plus aucun souci de service public et assure le minimum visible ! Le reste, que nous voyons peu ou mal, se passe dans le secret de la gestion avec force calculs incompréhensibles au commun des usagers. La situation économique actuelle met en évidence ces recherches forcenées devant rapporter toujours plus avec toujours moins de salariés travaillant toujours plus. Ce n'est pas là ce qu'avaient connu, par le passé, nombre de salariés de Veolia ! Mais c'était au temps où le "partenariat public privé" avait de beaux jours devant lui. C'est fini.


Le PPP à la mode africaine a été fort bien assimilé


samedi 8 octobre 2011

Le guide de la gestion publique de l'eau

Ouvrage collectif - Le guide de la gestion publique de l'eauVous ne voulez plus payer de plus en plus cher votre facture d’eau sans rien dire ?

Usager citoyen, locataire ou propriétaire, militant associatif, élu municipal ou agent territorial, mêlez-vous de la gestion de l’eau dans votre commune. Ne croyez pas ceux qui vous disent que c’est difficile.

Voici le premier guide édité en France pour éclairer vos « lanternes ». C’est le moment de s’y mettre, d’ici à 2015 : 2/3 des contrats de gestion privée arrivent à leur terme. Faut-il les renouveler sans débat ?

L’eau est un bien indispensable à la vie ! Trois jours sans eau et vous êtes morts !

Cela mérite de s’attarder un peu sur le sujet en conseil municipal, en réunion de quartier ou en assemblée générale d’habitants ?

Cet ouvrage collectif prend parti pour la gestion publique au nom d’un droit universel à l’eau. Ces auteurs veulent vous aider à passer à l’acte. En tant que citoyen vous pouvez peser sur les choix en interpellant vos élus municipaux. En tant qu’élus et agents publics, vous pouvez construire un véritable service public de l’eau au plan local doté de statuts, d’un règlement du service, et d’un compte d’exploitation. Pour l’avenir cet ouvrage ouvre des pistes de travail en faveur d’une gestion publique de l’eau au niveau national et mondial.

« Le guide de la gestion publique de l’eau ». Par Gabriel Amard, Philippe Bluteau, Odile de Korner, Yves Le Hen, Danielle Mitterrand, Michel Partage, Gérard Piel, Jacques Tcheng, Jean-Luc Touly. (Ouvrage coordonné par Gabriel Amard,) Collection les guides républicains, Editions Bruno Leprince, 6 euros.