Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

lundi 16 mars 2009

Bien public ou marchandise ? L'eau n'est pas du Coca-Cola : une initiative suisse


Avec et sans Coca - JPG - 49.7 ko

Le symposium de la Coordination suisse «L'eau comme bien public» s'est tenu le 6 mars à Berne. C'est là qu'on a lancé le slogan : "l'eau n'est pas du Coca-Cola!" (1). Ce symposium était l'une des préparations, en vue du 5e Forum mondial, du 16 au 22 mars à Istanbul (Turquie) et de la Journée internationale de l'eau, le 22 mars.

Car c'est parti : le 5ème forum Mondial de l'eau (thème "Établir des passerelles entre nos divergences sur l'eau") s'est ouvert, à Istanbul par un discours du Président turc: Abdullah Gul. Quelque 15.000 personnes sont attendues pour tenter de trouver des réponses à la crise de l'eau, provoquée d'abord par une hausse vertigineuse de la demande. Après Marrakech, La Haye, Kyoto et Mexico, ce 5e Forum mondial de l'eau, qui se tient tous les trois ans, s'ouvre sur un constat alarmant: la croissance démographique, l'évolution des modes de consommation alimentaire et les besoins accrus en énergie font peser sur l'eau une pression croissante. Les effets du réchauffement climatique devraient contribuer à accentuer ce phénomène: plusieurs dizaines de millions de personnes pourraient être contraintes de migrer pour des raisons liées à l'eau.

La délégation française emmenée par le ministre français de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire Jean-Louis Borloo et la secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno comptera cette année 300 personnes. Elle emmènera dans ses bagages les propositions préparées par le Partenariat français pour l’eau (PFE) qui regroupe les acteurs français publics et privés du secteur que sont l'État, les collectivités locales, l'Agence française de développement, les agences de l'eau, les entreprises, les organisations scientifiques et de recherche et les organisations non gouvernementales.

La question n'a pas, cette fois, semblé suffisamment importante à Nicolas Sarkozy pour qu'il participe à la conférence des chefs d'État! Le Partenariat français pour l’eau a présenté la candidature de la France au prochain Forum prévu en 2012: Marseille est la ville proposée pour accueillir cet évènement (va Société des Eaux de Marseille est détenue à parts égales, 48,83% chacune, par Veolia Eau et Lyonnaise des Eaux France). Après un grand oral prévu en avril, le comité donnera ses résultats en juin prochain. Marseille est en compétition avec l’Afrique du Sud qui propose la ville de Durban.



Chaque jour, nous allons donc aborder, brièvement, une question qui fait débat, ou rapporter des faits que les gouvernements ne veulent pas voir en face alors que le sort de millions et de millions de Terrien est immédiatement concerné! Des citoyens majeurs doivent être informés. Aujourd'hui, quelques points de repère, majeurs, qui déterminent toute politique de l'eau :

• 1,2 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable dans le monde. Selon les prévisions de l'ONU, ce chiffre pourrait doubler en 2025 déjà, soit un tiers de l'humanité.

• L'agriculture consomme 70 à 80% de l'eau mondiale. Près de 60% des ressources utilisées se perdent à cause de l'inefficacité des systèmes d'irrigation.

• L'eau douce ne représente que 2,5% de l'ensemble des ressources en eau de la planète. De plus, les deux tiers de cette infime quantité d'eau douce se présentent sous forme de glace dans les calottes polaires ou les glaciers. Par conséquent, l'eau douce disponible représente moins de 0,5% des réserves en eau de la planète.

• Près de 20% de la population mondiale, soit 1,1 milliard de personnes, n'ont pas accès à l'eau potable et 40% n'ont pas accès aux installations sanitaires de base.

• Les maladies diarrhéiques, comme le choléra, ont augmenté de 35% en 2008 par rapport à 2006, surtout en Afrique subsaharienne, selon la Fédération de la Croix-Rouge. Un chiffre résume ces inégalités criantes: 80% des maladies des pays en développement (diarrhées, choléra...) sont liées à l'eau.

• La question de l'assainissement devrait occuper une place centrale dans les débats: 85% des eaux usées dues aux activités humaines sont évacuées dans la nature sans épuration.

• De 6,5 milliards d'humains aujourd'hui, la population mondiale devrait dépasser 9 milliards en 2050. Suivant ce rythme, la demande en eau devrait augmenter de 64 milliards de m3/an, estime l'ONU.

• Et pourtant, en 2008, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU n'a pas répondu à l'appel du secrétaire général Ban Ki-moon de reconnaître le droit à l'eau et à l'assainissement pour tous. Le conseil a refusé de nommer un «rapporteur spécial» pour le droit à l'eau, se bornant à mandater un «expert indépendant» pour inventorier les pratiques des pays.

• Pour Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, le temps de "l'eau facile" est terminé. "Depuis 50 ans, les politiques de l'eau dans le monde entier ont consisté à apporter toujours plus d'eau. Nous devons entrer dans des politiques de régulation de la demande", explique-t-il.


Vue par satellite : Istanbul, ville d'eau, à cheval sur deux continents.

(1) http://www.alliancesud.ch/francais/pagesnav/framesE4.htm?T&T_Wr.htm

(2) http://www.swissinfo.ch/fre/infos/suisse_et_le_monde/L_eau_sera_la_premiere_cause_des_guerres_du_21e_siecle.html?siteSect=126&sid=10434701&cKey=1237139736000&ty=st

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