Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

lundi 23 mars 2009

Forum d'Istanbul : un coup d'épée dans l'eau?

La mobilisation politique en cale sèche titre Le Point. Les extraits de l'article paru sur le site de l'hebdomadaire sont éclairants : on était venu à Istanbul pour traiter des politiques de l'eau au niveau international mais des freins efficaces ont été posés afin que l'on s'en tienne à la recherche de la satisfaction des besoins humains (domaine où peut se manifester la compétence des grandes entreprises privées) et qu'on ne débouche pas sur une coopération internationale visant à satisfaire un droit essentiel de l'humanité (ce qui obligerait à agir, sous l'égide de l'ONU, pour qu'au-delà du besoin affirmé, l'eau ne puisse être exploitée comme un bien marchand).

"Une semaine de débats intenses pour une issue décevante. Le Forum mondial de l'eau s'est conclu sur une déclaration finale timide, qui se refuse notamment à faire de l'accès à l'eau un droit fondamental. Dimanche, lors de la journée mondiale de l'eau, la cession ministérielle s'est conclue sur une déclaration finale timide, qui se refuse notamment à faire de l'accès à l'eau un droit fondamental.

Un rapport des Nations unies avait pourtant tiré la sonnette d'alarme avant le début du Forum : la croissance démographique, l'évolution des modes de consommation et le réchauffement climatique vont provoquer une pénurie d'eau et d'importants déplacements de populations dans les décennies à venir. Les enjeux étaient posés, restait à en tirer les conséquences.

À Istanbul, les débats ont mis en évidence les liens étroits entre eau et énergie ou la nécessité d'améliorer l'assainissement en même temps que l'accès à l'eau potable (80 % des maladies des pays en développement sont liées à l'eau). Les coopérations transfrontalières pour la gestion de la ressource ont aussi été évoquées, provoquant quelques vifs échanges entre les représentants turcs et syriens.

Le Forum, qui n'est adossé à aucune institution internationale, n'a pu prendre une nouvelle dimension. Salon professionnel à l'origine, l'événement est organisé par le Conseil mondial de l'eau, présidé depuis 2000 par un Français, Loïc Fauchon, qui est aussi le président de la Société des eaux de Marseille, dont la gestion vient de tomber à 100 % dans l'escarcelle de Véolia.

La ville de Marseille est d'ailleurs candidate, avec Durban, pour accueillir la prochaine édition du Forum dans trois ans. Malgré le nombre élevé de participants rassemblant tous les acteurs de l'eau, le rendez-vous a raté le coche du politique et cherche encore à s'intitutionaliser. "Il manque une véritable organisation des Nations unies pour l'environnement à laquelle le forum puisse s'adosser. Certains pays seraient alors plus impliqués et plus enclins à lâcher du lest sur les problèmes liés à l'eau", explique-t-on dans les milieux diplomatiques français.

L'issue du forum a d'autant plus déçu que l'eau devient un enjeu de plus en plus politique. Action contre la Faim a jugé "surprenant, voire incohérent" que le droit à l'eau ne soit pas mentionné dans la déclaration finale alors que certains pays l'ont déjà reconnu ou intégré à leur Constitution. "C'est un outil essentiel pour responsabiliser les États", insiste l'association. Les militants des organisations les plus protestataires ont été refroidies d'entrée par une répression policière contre les manifestants venus protester lors de la cérémonie d'ouverture. Une manifestante allemande et une Américaine ont été expulsées dans la foulée par les autorités turques".

http://www.lepoint.fr/actualites-monde/la-mobilisation-politique-fait-defaut-au-forum-mondial-de-l-eau/924/0/328080

Des manifestants ont pourtant réussi à s'exprimer dans l'enceinte d'une Université. Dans la rue, ils ont été dispersés à l'aide de... canons à eau!

"Istanbul, 21 mars -(MAP)- A deux journées de la clôture du 5ème Forum Mondial de l'eau d'Istanbul (16-22 mars), les "alter-forumistes" avaient ouvert samedi dans la métropole turque leur rencontre de protestation et de dénonciation du "néolibéralisme" et de la "privatisation" des services de l'eau.

Activistes de droits de l'Homme, militants environnementalistes, syndicalistes et militants de mouvements d'extrême gauche, se sont donnés rendez-vous dans l'enceinte de l'université de "Bilgi", à quelques centaines de mètres du site du 5ème Forum Mondial de l'eau.

Le mot d'ordre de ces "militants de l'eau" venus de différents pays à travers le monde entier, est "non à la marchandisation de l'eau".

"La rétrogation des citoyens au rang de clients est un désastre, surtout pour les plus pauvres parce qu'elle les exclut, les marginalise", a souligné à l'ouverture de "l'anti-forum de l'eau", l'économiste espagnol Pedro Arrojo;3

http://www.aufaitmaroc.com/fr/actualite/monde/article/le-5eme-forum-mondial-de-leau-distanbul-les-alter-forumistes-se-manifestent/

Alors, une énième manifestation qui tombe à l'eau? Nous aurions tort de penser que tous ces efforts sont inutiles! La politique se trouve dans des rapports de force. Il est apparu, à Istanbul, que la lutte pour un droit à l'eau saine et potable est un droit qu'on peut conquérir face à la rapacité des géants de l'exploitation de cette ressource ô combien lucrative. Ce n'est pas gagné. C'est loin d'être perdu! L'avenir est en bleu.


Le Nu bleu d'Henri Matisse (1992)

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