Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

dimanche 22 mars 2009

L'eau : un besoin ou un droit? Désaccord à Istanbul.

L'accès à l'eau est-il un "droit" ou un simple "besoin" fondamental ? La question fait l'objet de très vifs débats au 5e Forum mondial de l'eau à Istanbul où les politiques sont rentrés en scène sur un constat de désaccord, à propos du contenu de la déclaration finale, qui doit être publiée dimanche, 22 mars, Journée mondiale de l'eau. (site officiel : http://www.unwater.org/worldwaterday/index_fr.html)!

Selon l'AFP, une réunion ministérielle se poursuivait samedi, 21 mars, à Istanbul ,pour tenter de trouver un accord sur une déclaration à l'issue du 5e Forum mondial de l'eau, dont nombre d'ONG et d'États redoutent qu'elle ne manque d'ambition face la "crise de l'eau". Ce document, qui doit être publié dimanche, 22 mars, et être signé par une centaine de pays, marquera l'épilogue d'un Forum qui a rassemblé plus de 25.000 personnes pendants sept jours.

Il énumère un certain nombre d'engagements: mieux gérer la demande en eau, en particulier dans le secteur agricole (70% de la consommation mondiale), favoriser l'accès à l'assainissement dont 2,5 milliards de personnes sont encore privées, ou encore lutter contre la pollution, des cours d'eau comme des nappes phréatiques mais un article du projet de déclaration, qui stipule que l'accès à l'eau potable est un "besoin" humain fondamental, et non pas un "droit" comme le réclament plusieurs pays, est au cœur de débats animés depuis deux jours.

Au-delà du contenu de ce texte, le fonctionnement même du Forum a fait l'objet vendredi de vives critiques de la part de certains mouvements associatifs. Maude Barlow, cofondatrice de l'ONG canadienne Blue Planet Project, a estimé qu'il ne laissait pas de place aux voix dissidentes et réclamé qu'il soit placé sous l'égide des Nations unies. "Nous exigeons que l'allocation de l'eau soit décidée dans le cadre d'un forum ouvert, transparent et démocratique plutôt qu'une foire commerciale pour les grands groupes mondiaux", a-t-elle expliqué au cours d'une conférence de presse.

Le Français Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, co-organisateur de l'événement avec la Turquie, (et président de la Société des eaux de Marseille, cogérée par Véolia et Suez, rappelons-le!) a vivement rejeté ces critiques. "Tout le monde est invité et d'ailleurs, maintenant, tout le monde vient", a-t-il expliqué, au cours d'une conférence de presse. "S'il est organisé par les Nations unies, il perdra son caractère ouvert à tous", a-t-il jugé.

L'eau, besoin fondamental ou droit fondamental.

Le texte bute donc sur un mot. La dernière version du projet de déclaration, négocié depuis de longs mois, stipule que l'accès à l'eau potable et à l'assainissement est un "besoin humain fondamental", et non pas un "droit". "La différence est fondamentale !", explique Anil Naidoo, de l'ONG BluePlanet Project. Légalement, un "besoin humain" n'a aucune valeur. "C'est enfoncer des portes ouvertes", ajoute-t-il, soulignant qu'au moins 30 pays ont aujourd'hui intégré la notion de droit à l'accès à l'eau dans leur constitution.

"Pécadilles de juristes" penseront certains. Mais attention certains mots ont du poids. Entre l'eau, "besoin fondamental" et l'eau, "droit humain et social", il y a une marge. La première définition est un constat : l'eau est nécessaire à la vie, sans aucune extrapolation ou – juridiquement parlant – "interprétation" possible. Nous, êtres humains, avons besoin d'eau pour vivre, un point c'est tout. Tout au plus un souhait : "Nous, êtres humains, devons avoir suffisamment d'eau pour vivre"...

Mais les choses sont différentes dès lors que l'on considère l'eau comme un droit humain et social. Là, subitement, la notion se trouve associée à toute une série d'obligations et de responsabilités (de la part des États notamment). Alors, de là à penser que c'est à bon escient que le rapport de la Commission Mondiale se limite à évoquer un "besoin de base" (avec en plus l'ultime réserve du "coût raisonnable", il n'y a qu'un pas). Comme l'explique Riccardo Petrella, fondateur et secrétaire du Comité pour le Contrat mondial de l'eau, présidé par Mario Soares, auteur du Manifeste de l'eau : "Considérer l'eau comme un droit aurait entraîné des obligations et des restrictions trop contraignantes pour la "liberté" des acteurs, notamment privés."

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Comme quoi, c'est toujours, le même conflit politique qui surnage : peut-on, ou non, confier les intérêts supérieurs de l'espèce humaine, aux entreprises ayant comme finalité de réaliser des profits pour leurs dirigeants et leurs actionnaires?

http://www.h2o.net/magazine/enjeux-conferences/l-eau-besoin-fondamental-ou-droit-de-l-homme.htm

Logo de la journée mondiale de l’eau

Rappel : l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 22 décembre 1992 la résolution A/RES/47/193 qui déclara le 22 mars de chaque année "Journée mondiale de l'eau", à compter de l'année 1993, conformément aux recommandations de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), exprimées dans le Chapitre 18 (Ressources en eau douce) d'Action 21. Cette résolution invitait les États à consacrer ce jour selon le contexte national, en concrétisant des actions telles que la sensibilisation du public par des publications, des diffusions de documentaires, l'organisation de conférences, de tables rondes, de séminaires et d'expositions liés à la conservation et au développement des ressources en eau et à la mise en œuvre des recommandations d'Action 21.

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