Pour une gestion publique de l'eau à laquelle les usagers-citoyens puissent comprendre quelque chose...

samedi 21 mars 2009

L’eau, enjeu du 21ème siècle


"Le Parlement européen, dans sa délibération du 12 mars, demande à la présidence en exercice de représenter l'Union au Forum d'Istanbul avec pour mandat...
de considérer l'accès à l'eau potable comme un droit vital, fondamental de l'être humain et non uniquement comme un bien économique soumis aux seules règles du marché"!
Les députés européens croient-ils ce qu'ils ont voté?
Voir la déclaration annexée à ce blog ("en savoir plus"). Article 29.
Source : http://www.europarl.europa.eu/news/public/story_page/064-4911-100-04-15-911-20070329STO04903-2007-10-04-2007/default_fr.htm

Chute d'eau

Le célèbre roman de science-fiction « Dune » va-t-il bientôt devenir réalité ? L’eau y est rare et précieuse, sur une planète désolée : un scénario imaginé par Frank Herbert en 1965, qui pourtant est aujourd’hui dangereusement crédible. Plus d'un milliard de personnes sur terre n’ont pas accès à l’eau potable, et ce chiffre pourrait atteindre les 3 milliards dans moins de 20 ans. A l'occasion du 5ème Forum mondial de l'eau à Istanbul, les députés européens se sont saisis de la question.

Le 12 mars dernier, les députés européens ont adopté une résolution dans la perspective du 5ème Forum mondial de l'eau, qui se tient à Istanbul du 16 au 22 mars 2009. Car si 71% de la surface du globe est constitué du précieux liquide, la pénurie en eau potable se fait sentir partout.

L’eau, c’est d’abord la vie

L’eau est indispensable à la vie sur la planète, et pourtant un ensemble de facteurs en réduisent toujours plus la disponibilité : croissance démographique, production agricole (qui absorbe 70% de notre consommation en eau), pauvreté, mauvaise gestion des ressources en eau ou troubles politiques. Les ressources en eau potable se raréfient sur terre, alors que les besoins s’accroissent. On estime actuellement que les eaux malsaines ou polluées sont responsables de 80% des maladies et décès des pays en voie de développement.

Or, selon les prévisions, ce tableau devrait à l'avenir encore se noircir : le changement climatique devrait en effet accroître la désertification, notamment en Afrique, et les « migrations de l’eau » vont se développer, les hommes se déplaçant vers des lieux où l’eau est accessible.

Est-il temps de modifier nos comportements ? Chaque terrain de golf en Espagne absorbe annuellement l’équivalent en eau de la consommation d’une ville de 12 000 habitants et un enfant naissant dans le monde développé consomme entre 30 à 50 fois plus d’eau qu’un enfant des pays en voie de développement. De quoi nous faire réfléchir…

Conscients du problème, les députés européens ont adopté une résolution en octobre 2008. Ils ont appelé de leurs vœux un travail commun des Etats membres pour économiser le précieux liquide. A cette occasion, l'Autrichien Richard Seeber (membre du Parti populaire européen - PPE-DE) a rappelé qu'un tiers des Européens vivent dans des régions faisant face à des problèmes de pénurie d'eau.

Le 12 mars dernier, le Parlement européen a également demandé à la Commission européenne de lui présenter un programme favorisant la prise de conscience dans l'Union européenne et ses pays partenaires.

Bientôt des « conflits de l’eau » ?

L'eau est devenue une ressource stratégique. On considère qu'aujourd'hui, 2,8 milliards de personnes vivent dans des régions qui pourraient connaître des tensions du fait de l'accès à l'eau potable. En 2030, ce chiffre pourrait atteindre 3,9 milliards. Certains experts prédisent d'ores et déjà que les guerres du futur n'auront plus pour déclencheur l'accès au pétrole, mais bien l’accès à l’eau. C’est d’ailleurs déjà le cas dans certaines régions du monde, et en particulier entre des pays qui partagent un même fleuve ou une même rivière. Les pays situés en amont du courant peuvent potentiellement couper l’accès à l’eau des pays situés en aval du même fleuve.

Les eaux du Nil traversent par exemple 9 pays, avant de se jeter dans la mer Méditerranée. Le pays le plus en aval, l’Egypte, en dépend totalement puisqu’il ne pleut quasiment pas. Avec la croissance démographique, l’eau peut-elle manquer si les pays en amont, comme l’Ethiopie ou le Soudan, puisent toujours plus des eaux du Nil ?

De même avec les rivières du Tigre et de l’Euphrate. Les eaux s’écoulent d’abord en Turquie, puis en Syrie et en Irak. Un projet turc prévoit de construire 22 barrages et 18 centrales hydrauliques le long de ces rivières : selon certains commentateurs, ce projet pourrait réduire la quantité d’eau accessible de 40% pour la Syrie et de 80% pour l’Irak ! Quelles peuvent être les conséquences géopolitiques d’un tel bouleversement ?

Des députés qui s'engagent

La résolution adoptée par le Parlement européen le 12 mars, considérant que la distribution d'eau est très inégalitaire alors qu'elle devrait constituer un droit fondamental et universel, qualifie l'eau de bien commun de l'humanité. Les députés refusent ainsi de définir l'eau comme un simple bien soumis aux règles du marché.

Selon eux, un effort substantiel doit être fait en direction des populations les plus touchées. Malgré la crise financière, les Etats membres devraient augmenter leurs efforts en matière d'aide au développement. Sans cela, il sera difficile d'atteindre les Objectifs du millénaire en matière d'approvisionnement en eau potable d'ici à 2015.

A l'occasion du 5ème Forum mondial de l'eau à Istanbul, du 16 au 22 mars, une délégation de députés européens va rencontrer des représentants de la société civile, du secteur privé et des syndicats pour débattre de ces questions. Par ailleurs, le Parlement européen a accueilli, en février dernier, un grand évènement sur ces thématiques intitulé « Faire la paix avec l'eau ». Mikhaïl Gorbatchev et le Prince Albert II de Monaco étaient notamment présents.

« Le 21ème siècle sera celui de l'eau ou ne sera pas », serait-on tenté de dire pour parodier Malraux…

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